4.1.1 Un réseau filaire en proie à de nombreuses difficultés

De façon globale, les besoins d’investissement en matière technologique au Gabon consisteraient, pour l’essentiel, à renouveler et à moderniser les infrastructures existantes. Car, nous l’avons vu dans le paragraphe précédent, les installations existantes sont depuis longtemps amorties. Autre explication aux difficultés financières de l’ex OPT, figure, selon notre informateur, le fait que le fonds de dotation de Gabon Télécom est encore issu des ressources propres. Il n’en reste pas moins aussi le fait que les pouvoirs publics gabonais considèrent encore le secteur des télécommunications comme une source de recettes.

Ce qui prive les opérateurs du réseau public de la possibilité de réinvestir une grande partie de leurs bénéfices pour développer le réseau. Pour asseoir notre thèse, voici quelques chiffres disponibles datant de 1997, de l’infrastructure des télécommunications au Gabon :

  • Densité téléphonique totale : 3, 27 (1997)
  • Libreville : 8,5 (1996)
  • Zones urbaines : 4,83 (1996)
  • Reste du pays : 1, 22 (1996)
  • Lignes principales numériques : 97, 60 % (1997)
  • Total des demandes pour 1997 : 10 000
  • Période d’attente moyenne : 5,2 ans

Au regard de ces statistiques, la situation est à tout le moins préoccupante. Mais il n’y a pas que cela ! Aux problèmes structurels et financiers précédemment évoqués, Gabon Télécom souffrirait aussi d’un problème humain pour satisfaire la demande d’une population pourtant pas si exigeante et qui plus est, sous-peuplée. Une insuffisance en main-d’œuvre qualifiée en serait l’une des causes. Malgré ses effectifs pléthoriques, 1 469 agents 294 , Gabon Télécom est toujours incapable d’assurer un service de qualité et de répondre (efficacement) aux attentes de sa clientèle moins nombreuse soit-elle.

En outre, les problèmes de gestion ne sont pas en reste. Comme la plupart des sociétés parapubliques : SEEG 295 , SNBG 296 , etc. aujourd’hui privatisées, la mauvaise gestion à Gabon Télécom fait partie des maux qui minent cette structure.

En effet, pour reprendre Edgard Mandrault, la gestion et les comportements dans cette société seraient proches de ceux de la fonction publique en Afrique. Gabon Télécom est géré comme une entreprise familiale où copinages, promotions douteuses, magouilles et détournements sont monnaie courante.

L’actuel Président du Conseil d’Administration de Gabon Télécom, précédemment Directeur Général de l’ancienne OPT, M. Thomas SOUAH avait déjà à plusieurs reprises dirigé cette société dans les années 90, avant d’en être démis suite à de forts soupçons de malversations financières. Du coup, des nominations à la tête de cet Office, à l’offre de services aux particuliers, tout est géré au plus haut sommet de l'État : difficile de ne pas conclure que les intérêts des politiques priment sur l’intérêt général.

‘« Au Gabon, la politique prime sur tout le reste, et administration rime souvent avec Parti Démocratique Gabonais 297  ».’

Notes
294.

Afrique Magazine novembre 2002 « dossier spécial Gabon », p. 83.

295.

Société d’Energie et d’Eau du Gabon (SEEG).

296.

Société Nationale des Bois du Gabon (SEEG).

297.

Parti au pouvoir depuis mars 1967, propos d’un ancien journaliste gabonais, in « Ecofinance », le magazine des économies émergentes, n° 44, juin 2004, p. 90.