5.2.1 Les positions de la Banque Mondiale

Au départ, par rapport au modèle des indépendances nationales, la Banque Mondiale est plutôt sur la défensive. Elle accompagne la décolonisation en rappelant les fondements du libéralisme ; la référence est la théorie du décollage (« take off ») de Rostow qui reprend l’approche du rattrapage largement partagée par tous les camps. La Banque défend un système international fondé sur le libre échange, les avantages comparatifs tenant compte des différences de productivité et des coûts de main d’œuvre. Le débat porte sur le rapport entre le marché et la planification. 

Les politiques de développement préconisées par la Banque Mondiale s’affinent. Elles tiennent compte des limites et des contradictions des politiques mises en œuvre, des critiques et des contre-propositions.

Dans un premier temps la Banque finance des infrastructures lourdes et accompagne la construction des États. Dans un deuxième temps, elle combat la priorité à l’industrie lourde et propose l’approche des besoins fondamentaux (« basic needs ») et de la petite entreprise, accréditant le fameux « small is beautiful » ; elle cherche à dégager de nouveaux petits entrepreneurs à partir du secteur dit informel. Ensuite, elle s’appuie sur l’exaspération des paysanneries contre la baisse des cours et la gabegie des nouveaux systèmes d’encadrement et de collecte ; elle va proposer l’accès des paysans au marché et le «développement rural intégré». Ainsi l’ajustement structurel deviendra-t-il la panacée.