5.2.1.1 L’ajustement structurel un modèle de politique

À partir de 1977, le contexte international change. La crise pétrolière a divisé durablement le front, fragile, des pays du Sud. Les régimes sont décrédibilisés par l’absence de libertés. Les déséquilibres macroéconomiques sont structurels. Le «recyclage  des pétrodollars» prépare la crise de la dette. Dans les années 1980, le modèle dominant préconisé par les Institutions Financières Internationales 335 devient l’ajustement des économies au marché mondial. Il propose la libéralisation, c’est à dire : la régulation par les marchés et la réduction du rôle des États dans l’économie ; la priorité donnée à l’exportation à l’exploitation effrénée des ressources ; la libéralisation des échanges ;

la priorité à l’investissement international et aux privatisations ; la flexibilité et la pression sur les salaires ainsi que la réduction des systèmes publics de protection sociale ; la  réduction des dépenses budgétaires considérées comme improductives qui se traduit par la réduction des budgets de santé et d’éducation ; la dévaluation des monnaies. 

Pour achever la cohérence du modèle, il faut construire l’environnement international qui lui correspond. Dès le départ, la gestion de la crise de la dette a esquissé le cadre institutionnel autour du FMI, de la Banque Mondiale, du Club de Paris et du Club de Londres. Le plus important reste l’organisation du marché des capitaux et la régulation des investissements et l’organisation du commerce mondial. Il s’agit d’organiser le cadre contraignant pour les États, qui «libérerait» les marchés internationaux et les opérateurs privilégiés du développement, les entreprises internationales.

Le modèle part d’un constat difficile à contester : il faut réduire les déséquilibres structurels. Face à cette exigence, il n’est évidemment pas possible de revendiquer la simple poursuite des déséquilibres. Le modèle part de la critique du modèle précédent et prétend s’attaquer aux causes. Les propositions sont, en fait, le contraire de celles mises en avant par le modèle des indépendances nationales qui seraient la cause des déséquilibres. Ainsi, des privatisations opposées aux nationalisations, de l’ouverture au marché mondial opposée au protectionnisme, du marché opposé au plan, de l’exportation opposée au marché intérieur, etc. Tout cela ne fut pas sans conséquences.  

Notes
335.

IFI : FMI et Banque Mondiale.