5.3 Les conséquences sociales et les résistances

Il est certain que la réduction des déficits budgétaires, indispensable dans de nombreuses situations, implique souvent des mesures impopulaires ;

il reste que des choix sont possibles et que les orientations qui sont décidées doivent être discutées et appréciées.

La réussite d’une politique d’austérité repose d’abord sur la légitimité du pouvoir et l’adhésion populaire à sa politique. L’ajustement structurel imposé est certainement une des plus mauvaises manières de répondre à ces impératifs. Pour réduire les déséquilibres, on se rend bien compte des conséquences qu’auront les solutions proposées ; mais, faute d’alternatives crédibles, même les dirigeants de bonne foi préfèrent imputer la responsabilité des mesures impopulaires au FMI que d’assumer un rééquilibre qui ne peut être que douloureux.

D’autre part, la Banque Mondiale et le FMI apparaissent comme modernistes par rapport aux alliances entre les « bourgeoisies rentières » et les couches traditionnelles et souvent archaïques qui dirigent les États. Souvent, les éléments d’opposition les plus brillants, chassés de leur pays ont trouvé refuge et ont été "recyclés" dans les institutions internationales. D’ailleurs, «le consensus de Washington 336 » a été accepté par tous les grands bailleurs ; l’Europe admet, parfois avec humeur, que la Banque Mondiale assure l’hégémonie de la pensée sur le développement et coordonne les moyens mis en œuvre.

Pourtant dès le début, les résistances ont montré les limites de ces politiques ; les émeutes de la faim se sont multipliées. Les évaluations ont montré la dégradation des conditions de vie des « couches sociales fragiles». En fait, la croissance, réelle dans certains pays, s’est accompagnée d’une montée des inégalités, du développement de la pauvreté et des exclusions.

La corruption a pris des proportions gigantesques. L’affaiblissement des États a accru les conflits armés. Un nouveau modèle verra donc le jour.

Notes
336.

En 1979 le G7 invite la Banque mondiale et le Fonds monétaire International à mettre en oeuvre des « plans d’ajustement structurel » (PAS). Le «consensus de Washington» est donc le corps de doctrine à l’origine des PAS.