5.3.1 L’évolution du modèle, pauvreté et gouvernance

Pour pallier ces conséquences, la Banque Mondiale a mis en place un programme dit «dimension sociale de l’ajustement».

Dans un deuxième temps, elle a décidé de faire de la lutte contre la pauvreté un axe stratégique prioritaire. Elle a décidé de compléter son dispositif par une intervention vigoureuse en matière de « gouvernance », reconnaissant qu’il ne suffit pas de laisser faire les marchés pour résoudre tous les problèmes. Les projets de la Banque apparaissent comme des vecteurs de la dimension sociale de l’ajustement.

Il s’agit d’intervenir dans les quartiers populaires pour compenser les effets néfastes de l’ajustement sur les plus bas revenus, les «premiers déciles». De nouvelles modalités sont expérimentées ; par exemple, les «agetip», agence de travaux d’intérêt publics qui permettent de faire travailler les petites entreprises et les artisans et d’injecter du revenu dans les quartiers. La Banque Mondiale découvre les associations et, par différents moyens, tente de les associer à sa politique et à ses projets. Elle s’engage aussi dans la décentralisation et dans le renforcement des collectivités locales. La fin des années quatre-vingt-dix est celle de la crise de l’ajustement structurel et de la recherche d’un nouveau modèle qui pourrait être celui du développement durable.

Sans oublier que le même vocable peut recouvrir des orientations différentes, voire antinomiques ; les mobilisations, les rapports de force et l’évolution de la situation détermineront la nature de ce nouveau modèle de développement. La prise de conscience généralisée des limites de l’ajustement structurel ouvre une période nouvelle dans les débats sur les politiques de développement.

Loin de récuser la contribution des «partenaires et alliés du développement en Afrique», nous soutenons cependant la thèse d’une véritable prise en mains des Africains eux-mêmes dans la recherche des solutions à leurs problèmes de développement.

Tant, nous l’avons vu, les politiques d’ajustement qui étaient sensées être «la solution au déficit extérieur et à l’inflation», les dévaluations monétaires «sensées faciliter les exportations» ainsi que les privatisations en cours en Afrique dont le lien ouverture/prospérité est loin d’être évident, ne sont que l’émanation de la compilation des idées reçues avec la particularité d’être imposées de l’extérieur.

La réflexion sur la nécessité les Africains de faire une autocritique s’avère indispensable, car il y va d’une prise de conscience de leur situation afin de trouver une solution qui tienne la route.

‘«Le sous-développement de l'Afrique n'est pas dû à un manque de capitaux. Il serait naïf de le croire. Pour comprendre pourquoi ce continent n'a cessé de régresser, malgré ses richesses considérables, il faut d'abord se demander comment cela fonctionne au niveau micro-économique le plus élémentaire : dans la tête des Africains 337 ».’

Sachant que les Africains ont eux-mêmes leur part de responsabilité dans le retard qu’accuse le continent dans pas mal de domaines. Cela dit, sur le plan technologique comme dans bien d’autres, l’État a un rôle à jouer.

Notes
337.

Axelle, Kabou, Et si l’Afrique refusait le développement, Paris, l'Harmattan, 1991.