6.1.2 L’État doit impliquer l'ensemble des facteurs

Contrairement à un certain discours sur le retrait présenté comme inéluctable de l'État, nous constatons partout dans le monde et en particulier aux États-Unis, une présence très active de la puissance publique pour aider au développement des technologies et des services nouveaux.

Demander à l'État d'impliquer l'ensemble des facteurs c'est voir en lui l'aiguilleur de l'aide et des politiques d'aides au développement. Compte tenu de la faiblesse du secteur des TIC dans les pays non développés, la fracture numérique entre le Nord et le Sud d'abord et entre les régions ensuite est surtout déclinée en termes d'indicateurs de diffusion des TIC.

C'est en ce moment que la fracture numérique fait l'objet d'un discours ayant pour enjeu la définition de politiques publiques. Il existe donc un consensus pour faire des TIC un moteur d'une nouvelle révolution industrielle («informationnelle») conditionnant la croissance économique et le bien-être social. Elles sont censées apporter des gains de productivité à l'ensemble des activités économiques, stimuler le développement de nouveaux procédés et produits, favoriser la carrière des salariés, les utilisations, augmenter l'accessibilité aux services collectifs (santé, éducation, etc.) et l'efficacité, permettre aux individus ou aux organisations d'étendre le spectre de leurs possibilités grâce à un accès plus facile à l'information et même de démocratiser la vie politique. Le gouvernement gabonais devrait, selon le sociologue Anaclet Bissiélo, manifester un engagement volontariste pour aider le pays à sortir de cette torpeur. Nous le verrons lorsqu’il s’agira d’évoquer l’impréparation de la société gabonaise à la Société de l’Information, la politique en matière des NTIC dans ce pays souffre d’un manque véritable, d’implication des plus hautes autorités. Nous l’avons vu par ailleurs, rares sont les services de l’administration publique qui sont connectés à l’Internet. Et les pouvoirs publics semblent léguer la gestion des NTIC à une entreprise : Gabon Télécom. Or, pensons-nous, aussi publique soit-elle, cette société ne peut pas mener une politique nationale à même de répondre aux attentes de toute une nation.

Nous pensons donc que c’est à l’État de fixer les objectifs du développement technologique. Même s’il faut par ailleurs impliquer Gabon Télécom qui jouit d'une autonomie de gestion. Dans l’hypothèse où l’État voudrait réellement coopérer avec Gabon Télécom pour développer les réseaux, il lui reviendrait de fixer à cette société  un cahier des charges : par exemple, implanter un nombre x de cybercafés à des endroits préalablement déterminés par l’État.

Connecter au téléphone, un nombre précis de foyers demandeurs, cela dans un délai bien déterminé. Estimer la durée des travaux de la couverture nationale en téléphone et télévision, avec à l'appui des prévisions à court, moyen et long terme. Et exiger que les clauses du contrat soient respectées par les deux parties, cela dans les délais requis.

Mais l’État doit surtout s’engager à fixer les prix. Actuellement prohibitifs, les prix que devrait fixer l’État doivent s’inscrire dans une perspective consistant à faciliter l'accès aux nouveaux moyens de communication. Pour cela, l’État doit demeurer le garant de tous les investissements en matière de réseaux de communications (fibre optique).

Doté à ce jour d’un câble sous-marin, ce qui du reste offre un contexte favorable dans la quête du haut débit, le Gabon a par cet investissement, fait un grand pas. Mais il n’en reste pas moins qu’un suivi tarifaire pour favoriser l’accès au plus grand nombre est nécessaire. Une totale connectivité des établissements scolaires ainsi que la maîtrise des coûts s'imposent. Car de sources concordantes, aucun lycée public n’est connecté à l’Internet. Or chaque lycée doit bénéficier d’une Liaison Spécialisée (LS). À ce jour, en dehors de l’École Normale Supérieure (ENS) dont la connectivité avait été parrainée par l’Agence de la Francophonie dans le cadre du soutien aux étudiants et chercheurs des pays du Sud), aucun lycée public ne dispose d’une ligne spécialisée. Le rôle de l’État n’est donc plus à démontrer dans la promotion et le développement des NTIC.