6.2.2 D’une pénurie d’information à un flot continu d’informations : la nécessaire réglementation de l’Internet

Toutes les analyses concourent à considérer qu’une information disponible est indispensable, ne serait-ce que pour le bon fonctionnement des institutions. À défaut de généraliser cette assertion dans un contexte beaucoup plus large comme celui du développement, nous affirmons ici la thèse d’un nécessaire partage de l’information dans les institutions et la société en général. Car, nous l’avons vu, un manque d’information «grippe» la machine institutionnelle. Cela est malheureusement encore le cas aussi bien au Gabon que dans plusieurs autres pays d’Afrique.

En outre, avec le développement des réseaux de communication, au premier rang desquels se trouve l’Internet, la société africaine en général, et la société gabonaise en particulier, semblent passer d’un désert informationnel au tout informationnel. Assurément, avant de s’arrimer à la Société mondiale de l’Information conduite par l’Internet, le Gabon souffrait et souffre d’ailleurs encore d’un manque informationnel. Le service qui fait office de bibliothèque nationale au Gabon, baptisé «archives nationales» est d’un dénuement impressionnant. Les rayons sont quasi-vides et au mieux pourvus de vieilles revues. C’est à croire que le Gabon est un pays d’incultes. Le constat étant celui-là avant l’arrivée de l’Internet, avec la connexion au Web, les Gabonais 355 qui en ont les capacités et les moyens surfent aujourd’hui - sans transition aucune-, dans un océan d’informations et de données fournies par «le réseau des réseaux». Selon une étude que nous avons menée parallèlement 356 aux services offerts dans les cybers, les sites les plus fréquentés par les internautes gabonais sont yahoo.fr, internetgabon.com, gabonflash.com, pdpgabon.org, et assala.com.

Si cet accès à une masse incalculable d’informations constitue un élément positif pour la recherche et le développement, il n’en représente pas moins des risques, on oublie parfois de le rappeler, toutes les données disponibles sur l’Internet ne sont pas "bonnes à consommer". L’Internet regorge aussi des contenus pervers (sites pornographiques) et dangereux (incitation au suicide, terrorisme, sites à caractères racistes, etc.). D’où la thèse qui consiste à plaider pour une réglementation 357 des accès à certains de ces sites.

La nécessité d'une intervention de l'État, dont le rôle avait été réduit au strict minimum, est à nouveau reconnue, en particulier pour stimuler la production de connaissances scientifiques et techniques et leur appropriation par l'économie. Les pouvoirs publics ont la responsabilité de mettre en place un cadre politique, réglementaire et fiscal favorable à la recherche et à l'innovation, de veiller à l'existence d'un environnement économique souple, dynamique et concurrentiel. L'État conserve un rôle essentiel dans la formation d'un "capital humain".

Mais au cours des dix dernières années, le contexte économique dans lequel se situe l'aide au développement s'est profondément modifié. Si la fin des relations privilégiées et, plus généralement, la mondialisation et la libéralisation de l'économie ont été largement intégrées, la prise de conscience des conséquences pour les pays africains de la transition qui s'opère dans les pays développés vers une économie de plus en plus tournée vers la production et la consommation de biens immatériels, où le savoir prend une importance déterminante, ne semble pas manifeste. C'est là que réside tout l'intérêt de s'interroger sur la place de l'Afrique dans la mondialisation.

Notes
355.

Il convient ici de voir les enseignants, les chercheurs, les étudiants et scolaires ainsi que quelques rares avertis de l’Internet.

356.

Etude menée en Juillet-août 2003 à Libreville auprès d'usagers des cyberscafés d'Awendjé et cité Damas.

357.

Tout en prenant la peine de distinguer réglementation et censure. Il ne s’agit pas ici de censurer des sites Internet, mais de réglementer l’accès aux sites jugés dangereux.