7.1 Esquisse d’approche de la mondialisation

La mondialisation est d’abord commerciale. Elle a été marquée par l’augmentation du degré d’ouverture de la quasi-totalité des pays industrialisés. Ensuite elle censure la production. Cette caractéristique tient essentiellement à la multinationalisation croissante des entreprises.

Ces dernières (surtout les plus grandes) développent leurs outils de production partout dans le monde en choisissant la localisation optimale de chaque établissement, selon le coût et l’abondance relative des facteurs de production (travail, matières premières, …). Plus les entreprises sont imbriquées les unes dans les autres à l’échelle mondiale, plus l’efficacité de leur fonctionnement dépend de la libre circulation des marchandises et des capitaux.

Enfin, la mondialisation est financière et monétaire. Les mouvements internationaux de capitaux sont la manifestation la plus spectaculaire de ce processus de globalisation. La vague de libéralisme qui a gagné le monde dans les années 1980 a accentué, en l’accélérant, la libéralisation des mouvements de capitaux, tant au plan intérieur qu’international.

Le développement des moyens de gestion informatique et de télécommunication a en outre, favorisé l’apparition d’un vaste marché mondial des capitaux, où il suffit de quelques secondes pour déplacer des sommes considérables d’une place financière à une autre. Ces mouvements internationaux de capitaux ont été dynamisés tant par les décisions des États (déréglementation) que par les mutations technologiques (permettant, à faible coût, une diffusion instantanée des informations).

Cependant, pour être acteur de la mondialisation, il apparaît que certaines conditions méritent d’être préalablement remplies pour qu’un pays ou groupe de pays devienne un acteur crédible de cette société mondialisée.

Tout candidat à ce processus doit pouvoir disposer d’une véritable capacité de production, d’un secteur industriel développé dans lequel toutes les décisions sont guidées par le principe de la «rationalité économique 359 », et d’un secteur bancaire développé et susceptible d’opérer efficacement sur le marché financier international. Quelle est donc la place du continent africain dans tout ça ?

‘« La contribution de l’Afrique à l’évolution du monde moderne reste nulle 360 ». ’

Notes
359.

Les rationalités économiques ont été développées par un courant marginalisé dès le 19ème siècle par l’héritage des pères fondateurs (Adam Smith et Ricardo). Il en est résulté la rationalité de l’homo economicus (= le sujet économique). A. Smith, dans «Les causes de la richesse des nations» (1977) pose les bases de l’économie politique et en partie le fonctionnement d’une économie de marché par les motivations de l’individu dans la poursuite de ses intérêts égoïstes. La théorie économique distingue deux approches : 1) Pour Harsanyi (prix Nobel en 1992) la rationalité est une conception abstraite car il s’agit d’étudier comment un individu considéré comme joueur promeut de la façon la plus efficace ses intérêts. La théorie de la rationalité est une théorie normative c’est-à-dire, non positive puisqu’on ne s’occupe pas du comportement réel de l’agent joueur. La rationalité est celle qui découle de la stratégie la plus efficace pour la poursuite de son intérêt.

2) Préciser ce qui est a priori en théorie un comportement rationnel. Ensuite, d’inférer à partir de la réalité si les comportements examinés sont effectivement rationnels ou pas. La rationalité limitée décrit donc le fait que les acteurs ne cherchent pas le maximum de leur utilité (profit, salaire…) mais un degré acceptable d’utilité. «Ce n’est pas par générosité du cœur que le boulanger vend son pain à la ménagère à un prix que celle-ci peut supporter mais parce que tel est son intérêt». Cf. http://www.etudiants.ch/upload/documents.

360.

De N’guetta Kouassi, chef de la Division recherche et développement de l’Union africaine (Addis-Abeba), J.A.E n° 343, P. 89, rubrique la vie des idées.