Chapitre 9 :
Les mobiles à l’africaine

En Afrique, la pénétration du téléphone mobile connaît un succès inédit. Son implantation dépasse largement celui des autres technologies telle que l’Internet, pourtant elle aussi en développement. L’exemple du Sénégal cité par Annie Chéneau-Loquay ⁴³⁸ dans l’une de ses dernières publications illustre bien le phénomène. Notons pour cela avec Annie Chéneau-Loquay que, si le téléphone mobile est un moyen de communication onéreux pour son utilisation, ses utilisateurs, notamment ceux du continent africain ont su, (nous l’avons vu dans le chapitre précédent), trouver des stratagèmes pour contourner les contraintes inhérentes au coût des téléphones portables. Pour disposer d’un téléphone mobile à bas prix, les créneaux ne manquent pas en Afrique.

L’expression « téléphone portable » caractérise donc bien un nouvel objet technique profondément différent du téléphone fixe. Avec l’acception «téléphone mobile», ce n’est plus seulement la technique, son environnement ou l’objet qui sont signifiés, mais un nouveau mode de communication entre des individus qui sont définis par une relation d'usage mobile. C’est à cela que réside tout l’intérêt d’en disposer et ce, par tous les moyens. Selon notre étude, il n’existe pas de moyen privilégié pour acquérir un téléphone cellulaire. Achat, don, prêt, vol : tous les moyens sont bons pour entrer en possession d’un téléphone portable. Sur un échantillon de 75 enquêtés, 27 affirment avoir reçu leurs portables en guise de dons, 30 disent s'«être serrés la ceinture» pour l'avoir et dix-sept personnes avouent s'«être débrouillées» pour l'avoir. Il apparaît donc très clairement ici que les circuits pour rentrer en possession d'un téléphone portable sont à la fois flous et variés.

Le présent chapitre procède donc à une étude de la vision (représentations) du téléphone portable au Gabon. Il conviendra par la même occasion de présenter les autres modes d’utilisation du téléphone mobile que nous jugeons ostentatoires et qui sont consécutifs aux représentations que se font les Africains de ce médias.