9.2.1 Approche quantitative : une vue partielle de l’usage

L’approche quantitative visant à définir le profil sociodémographique des usagers du mobile révèle, les trois opérateurs réunis, que le Gabon comptait en 2003, 336.000 abonnés 473 alors qu’il gravite aujourd’hui autour 600.000 474 . Parmi ces abonnés, 80% d'entre eux sont des jeunes tant cette catégorie sociale est particulièrement friande de cette technologie.

S’agissant des usages, D. Pasquier (2001) a montré que le mobile remplissait une fonction de sociabilité intra-générationnelle chez les jeunes, ce que confirment nos entretiens : les adolescents contactent de façon nettement prioritaire leurs copains/copines et petit(e) ami(e). De même, les premières études d’usage du mobile pointaient la dimension personnelle de l’objet (de Gournay et Mercier, 1997). Il apparaît ainsi que, la question de l’appropriation de l’objet et de la représentation que l’on s’en fait renvoie aussi indubitablement à celle de l’identité. Et la question ici est de savoir, quelle identité individuelle, mais aussi sociale peut exprimer et se construire par l’utilisation d’un tel média.

Cette question nous paraît essentielle et c’est par le recours à la sociologie de la famille qu’elle doit être problématisée. La famille contemporaine se caractérise par l’autonomisation et l’individualisation de chacun de ses membres. La société africaine est sur ce plan en avance. Elle qui n’a pas attendu l’invention du téléphone portable pour que dès l’adolescence, un enfant soit quasi autonome. Mais parallèlement se développe une revendication grandissante, de la part de chacun, de son identité de son «soi seul», identité séparée en dehors du groupe familial. Il s’agit, ainsi, d’être «libres ensemble». Aussi, le portable paraît-il être un outil de communication propre à véhiculer une telle revendication identitaire, notamment chez les jeunes, parce qu’il permet effectivement l’accès direct à sa sociabilité personnelle sans avoir à passer par le fixe du foyer qui reste un appareil collectif. Il n’est plus besoin d’attendre : ses interlocuteurs semblent en effet être à la portée des touches de téléphones.

Notes
473.

Gabonflash avril 2004. Estimation à la hausse (352 000) dans le rapport de novembre 2003 du Service économique de l'Ambassade de France au Gabon.

474.

http://www.jeuneafrique.com/articleImp.asp?art_cle=PAN50025celtesnnoba0.