11.1.2 La langue comme facteur d’intégration mondiale

Il serait à notre avis réducteur de ne voir dans l’occidentalisation du monde que des effets négatifs. Cela a été démontré dans les précédents paragraphes, l’adoption des nouvelles inventions en provenance du Nord a bien des effets favorables pour l’éclosion du continent africain.

Mais aux difficultés 582 précitées quant à l’adoption des techniques importées de l’Occident pourrait s’ajouter la barrière linguistique induite par la prédominance de l’anglais dans le secteur des nouvelles technologies 583 . La majorité des produits liés aux NTIC vendus dans les pays étudiés (Gabon, Cameroun, Sénégal, notamment) proviennent d’Asie et des pays anglophones. De ce fait, leur utilisation (notices, configuration, etc.) nécessite très souvent la connaissance de la langue anglaise. Faire échec à la marginalisation du Sud qui se lit dans le domaine des info routes pourrait aussi passer par la valorisation de ses langues, (les langues d’Afrique Noire), mais aussi de sa culture.

Si pour les Africains francophones, l’une des batailles contre la marginalisation a jusque-là consisté à lutter pour des autoroutes de l’information en français, le pan linguistique de cette lutte n’est qu’une partie émergée de l’iceberg. Il faudrait se rappeler que les peuples africains ont des langues qui leur sont propres, et que celles-ci méritent d’être valorisées pour une meilleure appropriation des NTIC. Cela dit, en parlant des TIC 584 , la mise en place de sites Internet en langues nationales 585 comme on peut le voir pour le cas des pays Arabes, cette implantation de l’Internet susciterait sans aucun doute une forte émulation pour les peuples d’Afrique noire qui restent dans leur grande majorité attachés à leur patrimoine culturel.

Toutefois, le facteur linguistique à lui seul ne suffira pas pour captiver le public Noir africain. Car le plus important à notre avis, reste le problème du contenu. Les populations du Sud ayant des valeurs qui leurs sont propres : Croyances, rites, traditions art, organisation sociale, etc., mettre en ligne ces valeurs référentielles apporterait un bonus à l’intérêt que portent certains Africains à l’Internet en particulier, et aux nouvelles technologies en général. Leur attirance pour les quelques sites africains existants suffit pour se rendre compte de leur quête d’identité. Mais en attendant la mise en place de ces sites ensoleillés et riches en couleur, le téléphone mobile, lui, s’internationalise.

Notes
582.

Main-d’oeuvre qualifiée, technologie de pointe, l’investissement technologique, etc.

583.

En rendez-vous à Celtel (l’un des opérateurs de la téléphonie au Gabon), nous avons assisté au cas d’un client qui avait acheté une carte SIM il y a quelques jours, mais qui ne parvenait pas à faire usage de son téléphone parce que les menus étaient configurés en Anglais. Ne connaissant aucun mot anglais, pour cet usager la carte Sim qui lui avait été vendue n’était « trafiquée », donc pas bonne. Or, il "suffisait" de reconfigurer les menus et changer de langue.

584.

Même s’il s’agit plus particulièrement d’étudier la téléphonie mobile.

585.

Quand bien même la tâche ne serait pas aisée en ce qui est du choix des ou de la langue qui servirait de langue de partage, vu la multitude de langues dans chacun des pays concernés.