12.1.2 Vers une "réinvention" du rôle social de la femme ?

Avec l’avènement du téléphone portable, nous constatons que certains tabous commencent à se lever progressivement. Consciemment ou inconsciemment, détentrices des téléphones mobiles comme les hommes, les femmes font désormais exactement comme eux ⁶⁰⁰ . Moyen de communication « proche du vêtement » parce que portable, "même les femmes" chez qui le poids des traditions pèse encore un peu plus, celles-ci se lancent sans vergogne dans la mouvance. Véritable prolongement de leur vernis, elles ne ratent pas une seule occasion pour montrer leurs portables.

D'ailleurs celles-ci sont friandes des modèles les plus sophistiqués, «toutes options», de préférence petits, (sveltesse oblige), avec un coloris frappant pour être assortie.

Tout cela pour prouver qu'on « traite loin » selon l'expression consacrée. Utilisable n’importe quand et à n’importe quel endroit desservi par le réseau, lorsqu’il sonne, on s’empresse de répondre quel que soit l’endroit. La réalité du terrain le montre, une conversation téléphonique, qui normalement est censée être personnelle, est volontairement transformée en une prise de parole en public. Véritable réinvention du rôle social de la femme !

En outre, de la même façon que dans les pays où le portable est depuis longtemps rentré dans les usages, le téléphone mobile (en public) met son utilisateur dans une situation d’acteur. En privé ou lorsqu’un usager se sert d’un kit mains libres, regarder quelqu’un en pleine conversation téléphonique donne l’impression d’avoir devant soi une personne démentielle plongée dans un monologue.

Cette vedettisation de l’usager par le mobile se manifeste par le fait qu'il est conscient de la présence d’un public acquis à sa cause. Et comme tout bon acteur, il se laisse emporter par la tentation de « se la jouer», dans la seule intention de captiver son public. Dans son jeu de représentation, il doit laisser transparaître qu’il traite d’« un sujet sérieux».

Il est vrai ces pratiques ne sont pas propres aux femmes dans la mesure où elles émanent d’abord des hommes, mais ce qui est intéressant à montrer dans cette étude c’est que les femmes s’y lancent désormais sans retenue.

Or dans la pure tradition africaine, parler de ses problèmes intimes en public et dans la rue étaient inimaginables chez les femmes il y a quelques années. Les tabous seraient-ils brisés ?