12.2 Les usages du portable qui brisent les tabous des femmes

La généralisation de l’usage du téléphone mobile conduit au constat d’un bouleversement de comportements chez les usagers des deux sexes.

Si certaines habitudes (vanter sa détention du portable, usages ostensibles, scènes de conversations de rue, etc.) sont dans la conception traditionnelle africaine considérées comme des comportements masculins), le nouveau comportement féminin qui consiste à tenir des conversations de rue démontre s'il en était encore besoin, combien le téléphone portable « bouscule les règles sociales 601  » préétablies. Les femmes, sous le règne de la téléphonie mobile, parviennent désormais à outrepasser les us et coutumes africains. Elles qui n’osaient par exemple pas aborder en public les sujets traitant de leur intimité, s’y aventurent désormais sans tabous.

Que dire ? Reconnaissons-le, le téléphone portable devient non seulement « une arme pour trouver sa place, pour réinventer son territoire 602 » mais aussi un véritable outil d’émancipation de la femme en ce sens qu’elle a désormais le droit [comme l’homme] de parler debout et en public.

Par ailleurs, si l’écart entre hommes et femmes dans l’usage du téléphone mobile s’avère faible, cette quasi-indifférenciation sexuelle de la possession du téléphone portable peut constituer à tout le moins, une preuve supplémentaire 603 du rapprochement des activités des deux sexes.

En outre, si l’usage du téléphone mobile a, d’une certaine manière, contribué à émanciper la femme, ce n’est là vraisemblablement qu’un aspect du portable. L’usage du téléphone mobile peut dans la vie conjugale avoir des effets néfastes qu’il convient ici d’évoquer.

Notes
601.

Jean-Aimé Dibakana, « usages sociaux du téléphone portable et nouvelles sociabilités au Congo », mars 2002.

602.

C. de Gournay, « En attendant les nomades. Téléphonie mobile et modes de vie », Réseaux, n° 65, 1994, P. 19. cité par Jean-Aimé Dibakana.

603.

En plus de ce qui se voit dans les administrations par exemple.