3° LE MOUVEMENT ETUDIANT A GRENOBLE

Une université particulièrement active

L’Université de Grenoble présente des caractères qui peuvent expliquer un certain dynamisme du mouvement étudiant. Elle connaît une croissance très rapide, la plus rapide de France. Les archives contiennent, sur la fréquentation de l’Université, quelques indications statistiques souvent difficiles à utiliser, parce que imprécises sur les catégories prises en compte et pour cette raison, souvent contradictoires. Le tableau n° 1 est tiré d’un rapport administratif élaboré par l’université.

TABLEAU N°1 : Français et étrangers à l’université de Grenoble
  1952-1953 1957-1958 1963-1964
Français
Communauté et Etrangers.
TOTAL
3283
589
3872
5109
1012
6121
11797
1895
13692

Ce tableau montre que cette croissance rapide est aussi le fait des étudiants étrangers ( une trentaine de nationalités était représentée ). Le nombre d’étudiants originaires d’Afrique ne cesse d’augmenter, démontrant l’insensibilité aux évènements extérieurs : l’effectif ne recule pas. quand les pays d’origine sont en conflit avec la France 55 .

Cette croissance rapide avait crée des problèmes matériels impérieux. L’exiguïté des locaux avant la construction du campus de St Martin d’Hères, en 1965, et les difficultés pour suivre les cours avaient mobilisé professeurs et étudiants. La combativité paraît y avoir été plus forte qu’ailleurs. L’UNEF s’en est trouvé renforcée. L’aggravation de la guerre d’Algérie et l’effacement de la tendance « apolitique » qui a géré l’UNEF au début des années 50, dynamise le mouvement étudiant. « L’arrivée sur le terrain de l’anti-colonialisme » 56 et à la tête du syndicat, de dirigeants issus de la J.E.C. ( Jeunesse étudiante chrétienne ) lui font prendre un tournant. M. de la Fournière devient président et J.Julliard est le responsable des questions d’Outre-Mer. Cette tendance est particulièrement bien représentée à Grenoble 57 . L’UNEF ne sera jamais aussi puissante et reconnue qu’au début des années 60 où elle apparaît comme le pôle de résistance le plus efficace à la guerre d’Algérie. Elle atteint le chiffre de 100.000 adhérents, 1 étudiant sur 2. Même si certains adhèrent à l’UNEF uniquement pour pouvoir profiter de certains avantages matériels, ce chiffre est quand même révélateur de l’importance du problème colonial et du traumatisme de la guerre d’Algérie pour les étudiants.

Notes
55.

Cf. ANNEXES 2 et 2 bis : Les étudiants africains à l’Université de Grenoble ( 1964-65 ) et les étudiants d’Outre-Mer à la faculté de droit et de Sciences économiques ( 1948-63 ).

56.

D. FISCHER, Histoire des étudiants en France de 1945 à nos jours, Flammarion, 2000.

57.

D. FISCHER, Op. cit.