2° A PARTIR DE 1955 : UNE MOBILISATION AUTOUR DE LA QUESTION ALGERIENNE

Le tournant : le Congrès national de Bordeaux ( 1955 )

Les prises de position anticolonialistes se multiplient, deviennent progressivement plus radicales et éclipseront même parfois les luttes laïques. Le tournant est pris au Congrès national deBordeaux en 1955, qui constate l’aggravation des troubles en Algérie. Une motion sur la question algérienne occupe une part importante des débats qui semblent avoir été houleux. Elle est approuvée par la section de Savoie et sera très souvent citée en référence pendant les années qui suivent. Le SNI rappelle régulièrement, à la fin des années 50, à ses adhérents, la nécessité de populariser partout le texte de la motion.

Ce texte ne reste pas au niveau des grands principes, il propose des mesures. Il dénonce le « cycle infernal : attentat/répression » qui entraîne un climat de peur et de haine, « qui creuse un fossé entre des éléments devant vivre ensemble fraternellement ». Il demande l’arrêt de tout acte de terrorisme, de répression aveugle, de toute solution de force, au profit d’une solution négociée, après un cessez le feu préalable. Il dénonce aussi « la réaction colonialiste » qui refuse de faire des réformes afin de préserver ses privilèges et qui entraîne la misère de la population. Il demande des réformes profondes mais toujours dans le cadre de la démocratie française…des réformes économiques d’abord ( meilleure répartition des terres, perfectionnement des méthodes agricoles, industrialisation, grands travaux pour développer l’économie et lutter contre le chômage ), des réformes sociales (une protection pour les ouvriers agricoles, les plus exposés à l’exploitation, le développement de la scolarisation, une humanisation de l’émigration, en préparant les travailleurs au départ ). Des réformes politiques sont aussi indispensables…pour satisfaire « les aspirations fondamentales d’une population musulmane désireuse de participer davantage à la gestion des affaires publiques » avec, dans un premier temps, l’application immédiate du statut de 1947 et l’ouverture d’une table ronde pour réfléchir à ces problèmes. Sur le plan moral et humain, il faut abolir le racisme et promouvoir une authentique fraternité entre les communautés. Le SNI franchit donc une étape, il va plus loin dans la condamnation de la colonisation telle qu’on la pratiquait, dans les exigences de réformes mais il penche pour une communauté qui « satisfasse les libres aspirations des populations algériennes dans le sens des traditions libérales et généreuses de la France ». On est encore loin de l’indépendance.