3° LA CREATION D’UN CORPS DE COOPERANTS

Au lendemain de la décolonisation, la « coopération » a été créée pour mettre en place l’aide au développement, maintenir les liens avec « nos anciennes possessions extérieures », assurer la présence française dans les pays francophones nouvellement indépendants et le maintien de la culture française dans le monde. Faute d’un corps d’enseignants africains suffisamment important, les enseignants français sont très sollicités pour mettre en place et faire fonctionner les systèmes éducatifs en Afrique. Pour les convaincre de s’expatrier, le Ministère fait de l’information sur les besoins et demande aux Inspecteurs d’Académie d’organiser une campagne de recrutement visant les enseignants mais aussi les jeunes qui souhaitaient faire leur service militaire dans la coopération, même si leur formation ne les préparait pas à l’enseignement 77 . Les coopérants bénéficient aussi d’avantages matériels non négligeables ( salaires très supérieurs aux salaires français, logement gratuit… ). On propose aux licenciés une titularisation comme certifiés après des épreuves pratiques qui se limitent à une inspection 78 . Les résultats furent inégaux, en particulier dans les Académies déficitaires où les autorités ne se montrèrent pas toujours très empressées à se passer de personnels dont elles avaient besoin. Mais les enseignants constituent une part importante des coopérants qui fonctionnèrent en Afrique pendant cette période.

Un souci de formation est également visible. Des stages d’assez longue durée ( 15 jours ) sont organisés à partir du début des années 60 par la Direction de la Coopération. Ils comportent des interventions de spécialistes pour permettre une meilleure connaissance du milieu ( les coopérants de cette génération n’ont pratiquement jamais entendu parler de ces problèmes ni à l’école ni à l’université ), d’administrateurs pour faciliter les formalités du voyage et de l’installation, de médecins pour les précautions sanitaires indispensables…Des cadres africains y participent.

L’histoire et les effets de cette politique de coopération qui fait appel à des enseignants n’est pas l’objectif de notre recherche. Si elle est mentionnée ici, c’est parce que le Ministère, en créant ce corps de coopérants, a indirectement favorisé la sensibilisation au Tiers Monde dans les écoles. Les plus anciens rentrent au cours des années 70, parfois en grand nombre, avec le désir de témoigner de leur expérience. Leur retour semble avoir été en relation étroite avec la pénétration de l’Afrique à l’école 79 .

Notes
77.

B.O.E.N. n°19 du 15/5/1961 ( Circulaire du 18/4/1961 )

78.

Circulaire du 9/4/1960.

79.

Cf. 2° partie B 2°, L’expérience de la coopération.