CONCLUSION

Malgré un nouveau climat politique après la guerre marqué par la création d’organismes internationaux qui essaient de favoriser l’ouverture sur le monde, malgré des encouragements du Ministère aux échanges internationaux, l’Afrique et plus généralement le Tiers Monde occupent une place assez faible dans les préoccupations de l’’Ecole. On attend surtout d’elle qu’elle valorise l’oeuvre coloniale et qu’elle participe au resserrement des liens entre métropole et colonies.

Mais les drames de la décolonisation, « ce passé qui passe mal », selon l’expression de C. Liauzu, laissent des traces dans la vie de beaucoup d’enseignants et d’étudiants et ont été souvent le début d’engagements tout au long de leur vie. La mobilisation en faveur du Tiers Monde, la lutte pour un nouvel ordre économique international, la défense des droits de l’homme, pour certains l’engagement dans la coopération se situent dans la lignée des combats en faveur de l’émancipation des colonies.

La fin des années 50 et le début des années 60 constituent un tournant en raison de la prise de conscience du caractère inéluctable de la décolonisation et de la nécessité, si la France veut conserver son influence dans le monde, de nouer d’autres rapports avec ses anciennes colonies. L’Afrique est alors plus présente dans la politique ministérielle et « les héritiers de la saga anticolonialiste se tournent dorénavant vers le Tiers Monde » 80 . Des conditions plus favorables à la pénétration du Tiers Monde à l’Ecole paraissent donc réunies.

Les choses ne sont pas si simples. L’investissement du ministère est relativement éphémère. Il faut attendre la fin des années 70 et le lancement de « l’Education au développement » pour que le Tiers Monde devienne plus présent. En revanche des enseignants motivés assurent le relais. Des changements profonds interviennent dans les analyses du sous-développement et dans les modes d’action dans les écoles. L’Ecole devient aussi un terrain d’activité pour les associations humanitaires.

Notes
80.

J-P. BIONDI, Les anti-colonialistes ( 1881-1962 ), R.Laffont, 1992.