l’attachement à des valeurs humanistes 

La plupart pensent qu’ils doivent être véritablement des « éducateurs ». Leur mission ne s’arrête donc pas à la simple transmission de connaissances ; l’Ecole doit aussi faire passer des valeurs. Ils mettent en avant les notions de tolérance, de justice, de liberté, d’égalité, de solidarité. Ne pas accepter les scandales du monde les pousse à s’engager. Un père dit vouloir transmettre ces valeurs à ses élèves et « …à ses enfants aussi, par l’exemple ». Il espère que ces jeunes auront « une autre vision du monde que la vision hexagonale et qu’ils relativiseront les problèmes français ». L’Education au développement permet d’aborder beaucoup de questions fondamentales et peut grandement contribuer à la formation du citoyen et de l’Homme. Ce sont d’ailleurs ces deux objectifs, l’information et la formation du citoyen qui sont très prioritaires chez les enseignants interrogés. L’objectif de l’aide au développement est secondaire à leurs yeux et une action dans le Tiers Monde, dans le cadre de l’établissement, n’apparaît pas comme indispensable mais seulement comme un support. Les enseignants les plus anciens, retraités actuellement, mettent les trois objectifs à égalité ( information, formation du citoyen, aide aux pays pauvres ).

Il serait intéressant aussi mais difficile d’étudier s’il existe une certaine cohérence entre les choix politiques personnels et certaines façons de concevoir l’éducation au développement. Nous ne pourrons pas aller très loin dans cette direction. Les époques différentes, le hasard des personnalités, les difficultés à généraliser à partir de sondages et d’entretiens, la sensibilité de gauche qui caractérise le corps enseignant, ne permettent pas de tirer des conclusions très nettes. La plupart des personnes interrogées estiment qu’il n’y a pas de véritables clivages politiques sur ces questions. L’intérêt pour le Tiers Monde et le dynamisme de l’enseignant sont plus liés aux personnalités qu’à des tendances politiques dominantes. Un établissement scolaire peut travailler en collaboration avec une collectivité locale quelle que soit sa « couleur politique ». Pour d’autres au contraire, l’ouverture sur le Tiers Monde ferait surtout partie de « la sensibilité de gauche ». Ils citent les efforts qui ont été faits pour faire émerger les problèmes de développement et faire évoluer les mentalités et ils les situent plutôt à gauche. Un certain nombre d’enseignants catholiques très engagés, se reconnaissent dans la formule « chrétiens de gauche ». Tant que les initiatives restent sur le plan caritatif, il n’y a pas de clivage : « la sensibilisation à la misère n’est ni de droite, ni de gauche ». Mais il semble cependant que les conceptions que l’on peut avoir des causes du sous-développement, des stratégies à privilégier pour tenter de résoudre les problèmes, soient quand même influencées par les idéologies politiques. Au delà des

divergences « droite-gauche », les positions les plus avancées sur la nécessité du partenariat, sur la place à faire aux autres continents dans le concert mondial, sur l’obligation de réfléchir à d’autres types de développement…émanent de gens qui ont eu également des positions très critiques sur la colonisation, sur nos sociétés et souhaitent les changer en profondeur.

Quelques réponses très minoritaires apparaissent aussi, où interviennent l’attachement à la grandeur de la France et la déontologie. Un enseignant, séduit par l’Afrique et les Africains, et engagé dans son établissement, avance les raisons suivantes : « Je tiens beaucoup à présenter des régions et des populations qui ont marqué la vie nationale française, parmi lesquelles, nous avons été longtemps présentes et des populations pour qui la France et les Français gardent une grande importance, qui suivent un enseignement en Français à l’Ecole et qui attendent beaucoup de nous. Notre pays sert de modèle à certains Africains me semble-t-il. ».