C) L’APPUI DE L’INSTITUTION

Les efforts faits par le gouvernement français dans les années 60, pour s’adapter à la nouvelle situation politique née de la décolonisation et de l’émergence du Tiers Monde, se sont manifestés aussi dans l’Education nationale. Pour assurer l’avenir de la coopération, il fallait donner aux relations franco-africaines, de nouvelles bases. La formation des nouvelles générations pouvait y contribuer. De nouveaux programmes ont donc été élaborés, plus ouverts sur le Tiers Monde ( début des années 60 ), l’information et la participation à des actions de solidarité ont été encouragées 95 . Mais ces initiatives n’ont pas entraîné, dans les années 70, les changements qu’on pouvait attendre de la politique du Ministère. L’Afrique a pénétré dans les écoles à cette époque mais cela a été moins le fait de l’institution que d’enseignants très motivés. Il faut attendre la fin des années 70 et surtout les années 80 pour constater un engagement plus important du Ministère sur de nouvelles conceptions du développement et des relations nord-sud et sur les moyens à mettre en œuvre. On passe de « la sensibilisation au Tiers Monde » à « l’éducation au développement ».

Les sources utilisées pour comprendre cette évolution sont les circulaires et notes de service parues dans le B.O.E.N ( Bulletin officiel de l’Education nationale ) qui ont été dépouillées systématiquement. Le Ministère a beaucoup légiféré sur l’Education et rédigé une masse énorme de textes. Ceux qui concernent le Tiers Monde sont au nombre de deux à cinq selon les années. Les volontés ministérielles sont retraduites aussi dans les bulletins départementaux dont nous trouvons des traces dans les archives. Mais ils paraissent moins souvent. Il y a donc beaucoup de déperditions. Dans le bulletin départemental de la Drôme dépouillé entre 1968 et 1974 ( sur une trentaine de numéros, 25 ont été conservés ), trois mentions concernent le Tiers Monde ( les dispositions à prendre lors de missions à l’étranger en 1970, des bourses pour le Mexique pour les professeurs d’Histoire-géographie en 1972, un appel du comité « Jeunes contre la faim » en 1973 ). Il s’y ajoute quelques textes de la commission Coopération-développement du Ministère de l’Education Nationale, quelques autres émanant d’Inspecteurs, notamment l’Inspecteur Zweyacker déjà cité, qui est une référence depuis les années 80 pour l’Education Civique et notamment l’Education au développement 96 . Quelques publications de l’INRP viennent en complément.

Notes
95.

Cf. 1° partie D : « L’école et la mise en place de la politique de coopération ».

96.

A. Zweyacker a été Inspecteur général d’Histoire et a présidé la Fédération française des clubs UNESCO.