Une analyse approfondie et neuve du Tiers Monde et des rapports Nord-Sud

Les mutations du monde font de l’éducation au développement une absolue nécessité aux yeux du Ministère : intensification des échanges techniques et économiques, prise de conscience des chocs culturels engendrés par les mouvements de population, aspiration à un ordre économique plus juste…les jeunes doivent connaître ce monde en changement 114 . Cela suppose de repenser les rapports de l’Ecole et du Tiers Monde.

Contrairement à la période précédente ( années 60 et 70 ), officiellement, on reconnaît les incertitudes de la réflexion sur les problèmes de développement : « Il n’y a pas de vérités simples. Elles sont complexes et évolutives et les analyses, souvent contradictoires et conflictuelles ». L’Education au développement est donc une entreprise difficile. Quels contenus, quelles valeurs transmettre aux générations montantes ? Le DOCUMENT 4 permet d’analyser les nouvelles orientations.

DOCUMENT 4 : Extraits du B.O.E.N.

Une vision élargie du développement apparaît. Le problème avait été longtemps abordé sous un angle moral. Il est clair, à travers les textes du B.O.E.N., qu’on veut se détacher d’une information à but purement caritatif pour accéder à l’analyse de fond. Il ne faut pas se contenter de décrire les « déséquilibres économiques et sociaux qui frappent le Tiers Monde » mais rechercher aussi les causes et les conséquences de ces inégalités. Le souci de ne pas confondre croissance et développement est également présent. Une enquête de l'INRP précise que « le développement ne doit pas être assimilé à la présence de certaines quantités mesurables. Il doit toucher tous les secteurs de l’économie et de la société ». Ces analyses ne sont possibles qu’en se plaçant dans une perspective planétaire, la seule qui permettra de trouver aussi des solutions en instituant un monde plus juste. Mais la formule de « Nouvel ordre économique mondial », qui est couramment utilisé dans les années 70 et 80 par les ONG., apparaît rarement dans les textes officiels. Sans doute induit-elle des perspectives trop audacieuses pour l’Ecole.

Au lendemain de la décolonisation, les circulaires insistent sur la situation économique qui paraît prioritaire à cause de la révélation de l’ampleur des besoins mais ensuite, on comprend la nécessité d’élargir la notion de développement. L’Education au développement devra donc intégrer l’étude des civilisations du Tiers Monde parce qu’elles expliquent quelquefois les déséquilibres économiques et surtout parce que les élèves doivent prendre conscience que « la civilisation occidentale n’est pas unique », que d’autres cultures méritent leur intérêt, que la diversité culturelle est une source d’enrichissement. L’éducation au développement implique donc l’amorce d’un « dialogue interculturel », d’autant plus nécessaire que les migrations de population en France ont souvent engendré des « chocs culturels ». L’Ecole devra donc essayer de valoriser plus particulièrement les cultures des différentes communautés présentes sur le sol français.

Donc au delà des objectifs de connaissances, l’éducation au développement doit changer les comportements. Faire naître un esprit de fraternité entre les jeunes du monde entier n’est pas nouveau. Nous avons vu déjà que, pour préserver la paix, dès les années 50, le Ministère avait le souci de développer la solidarité entre jeunes. On va plus loin dorénavant dans la dénonciation de l’intolérance, de l’européocentrisme. L’autre doit être perçu comme différent dans sa culture mais semblable par ses droits et ses devoirs. L’éducation au développement doit donner aussi aux jeunes un sentiment de responsabilité à l’égard des problèmes du monde.

Notes
114.

B.O.E.N. n° 32 du 19/9/1985 .