La nécessité de l’omniprésence de l’Education au développement

Pour le Ministère, l’éducation au développement doit concerner tous les niveauxd’enseignement. La liste des destinataires des circulaires ministérielles le prouve. Elles sont adressées systématiquement, pour l’administration, aux recteurs, inspecteurs d’Académie, directeurs des services départementaux de l’Education nationale, chefs de mission académiques à la formation, et plus tard, aux délégués académiques aux relations internationales. Pour les établissements, aux chefs d’établissement, directrices et directeurs d’écoles, aux directrices et directeurs d’Ecoles Normales puis d’IUFM. L’enseignement supérieur est sollicité plus irrégulièrement. On part donc du principe que l’Education au développement est possible même pour les enfants les plus jeunes et qu’il est même souhaitable qu’elle commence très tôt parce que c’est très tôt que se forge la personnalité. Elle est indispensable aussi dans la formation des maîtres.

Les premières années, le Ministère n’intervient pas beaucoup dans le traitement pédagogique de l’éducation au développement, aux divers niveaux d’enseignement. Il se contente de souhaiter que les actions de sensibilisation s’adaptent au niveau des élèves et de faire quelques suggestions sur les pratiques pédagogiques possibles ( étude critique de reportages à l’école primaire par exemple, approche pluridisciplinaire dans les collèges et lycées… ). Une circulaire du 10/7/1984 essaie d’établir une progression. Elle sera reprise quelques semaines plus tard 117 , lors de l’arrivée au Ministère, de JP Chevènement. Le nouveau Ministre affirme sa volonté de mener une politique active en faveur de l’Education au développement, dans la lignée de ses prédécesseurs. Il précise aussi les objectifs par niveaux d’enseignement. Dans l’enseignement préélémentaire et élémentaire, il faut chercher à développer des attitudes de respect à l’égard d’autrui et de découvrir d’autres cultures notamment par leurs modes de vie. Au collège et au lycée, on favorisera « la compréhension des autres dans le respect des différences », l’approfondissement des connaissances géographiques et culturelles sur les pays du Tiers Monde, « l’étude des mécanismes de la croissance, du développement et des interdépendances, l’analyse, à l’aide de cas concrets du sous-développement et du mal-développement, les voies diverses du développement… », l’aide au Tiers Monde et la nécessité de la solidarité. En lycée, les enseignants feront davantage apparaître la complexité des problèmes.

En 1982, le rapport Girault insiste aussi sur la nécessité pour l’enseignement supérieur d’intégrer l’éducation au développement et de former les étudiants à la compréhension internationale. Plusieurs circulaires lui sont destinées 118 . Elles l’incitent à aller dans le sens de la politique française, de s’ouvrir sur la dimension internationale et de signer des conventions avec des établissements étrangers. Ces relations concernent surtout l’Europe mais des programmes d’aide au développement peuvent être établis en collaboration avec la Coopération et les Relations extérieures. Depuis quelques années, l’enseignement supérieur est plus sollicité. Par exemple une circulaire du 29 août 2001 a pour thème « le développement de l’engagement associatif et des initiatives étudiantes ». Elle prévoit la création d’un bureau des étudiants, dans chaque université, qui les aidera à fonder des associations et à conduire des projets collectifs. Un fond de solidarité pourra aider au financement des projets. Des projets de développement en Afrique peuvent très bien entrer dans ce cadre surtout s’ils prolongent les formations suivies par les étudiants.

L’éducation au développement concerne aussi toutes les disciplines.Elle s’appuie en priorité sur les sciences humaines et peut aisément utiliser les programmes de français, histoire-géographie, économie, enseignements artistiques. Les sciences naturelles sont aussi concernées surtout depuis qu’on insiste sur le lien entre le développement et l’environnement et sur la notion de « développement durable ». Elle ne doit pas constituer un enseignement particulier, une nouvelle matière. Elle ne dispose d’aucun horaire spécifique ( entre 1977 et 1985, l’Instruction civique n’en avait d’ailleurs pas ) mais elle doit être présente dans tous les actes d’enseignement, être une préoccupation constante des enseignants. Il s’agit donc de « pratiquer en permanence une pédagogie interculturelle ».

Les diverses disciplines doivent aussi travailler ensemble. L’interdisciplinarité est, à cette époque, un des chevaux de bataille du Ministère avec les PACTE en 1979 et les PAE en 1981, puis plus tard les thèmes transversaux ( 1985 ). Les activités périscolaires sont aussi un lieu privilégié où l’interdisciplinarité peut s’exercer, avec les clubs UNESCO et autres clubs Tiers Monde, souvent intégrés dans les activités des foyers socio-éducatifs.

Notes
117.

Circulaire du 9/8/1984.

118.

B.O.E.N. n° 3 du 19/1/1984 .