3° LES MOYENS DE L’EDUCATION AU DEVELOPPEMENT SELON LE MINISTERE

Même si les circulaires laissent une grande liberté aux enseignants dans ce domaine, le Ministère donne quelques consignes et fait des suggestions sur les moyens de rendre efficace, l’éducation au développement.

Une action sur la durée avec quelques moments forts

Le Ministère essaie d’impulser l’éducation au développement en continuant à proposer des « journées », des concours, des manifestations diverses auxquels les écoles sont vivement conviées à s’associer. Dans certains cas d’ailleurs, des bilans sont demandés. Mais l’Education au développement ne peut se limiter à quelques actions ponctuelles au cours de l’année. Elle doit s’inscrire dans la durée. C’est une des conditions de l’efficacité, qui apparaît dès la fin des années 70. Une succession de « coups de cœur » ne saurait constituer une véritable éducation. Les «  journées » persistent donc parce qu’il faut quelques moments forts au cours de l’année pour dynamiser les initiatives et éventuellement faire démarrer des actions. Mais elles ne peuvent en aucun cas se suffire à elles-mêmes. Elles doivent s’inscrire dans un cadre plus vaste. Pour plus de souplesse dans la mise en œuvre, elles se transforment souvent d’ailleurs en « semaines » dans les années 90.

Une liste de l’ensemble des manifestations auxquelles le Ministère convie les écoles a été dressée pour les années 1986 et 2001 ( Cf. TABLEAU n° 5 ). Elles ne concernent que très partiellement l’éducation au développement. Elles ne sont pas toutes mentionnées dans le B.O.E.N. ( la journée des Lépreux par exemple n’y figure pas ). D’autres sont éphémères, comme « la journée de l’enfant africain » en 1995. Il est difficile parfois d’en suivre la continuité parce qu’elles changent de nom. Les sollicitations sont nombreuses et les établissements scolaires se plaignent souvent d’être débordés, même s’ils ont la possibilité d’un certain choix. Le Ministère prend conscience que l’excès peut engendrer la lassitude et la dispersion : la circulaire du 2/9/1999 tente un « recentrage sur les missions essentielles de l’Ecole ». Ne sont validées que les opérations qui ont obtenu une approbation officielle et qui sont mentionnées dans le B.O. ( on ne donnera pas suite aux demandes extérieures dont « les visées ont généralement un caractère publicitaire… » ). La reconduction ne sera pas automatique chaque année. Une évaluation sera faite des difficultés de la réalisation et de l’impact sur les élèves. La circulaire rappelle aussi que tout se déroule sous le signe du volontariat.

La manifestation la plus connue est la « Journée Tiers Monde à l’école ». Une association, l’ARIAD ( association pour la recherche et l’information sur l’aide au développement ) en a pris l’initiative. Elle a été introduite dans l’Ecole par le ministère Beullac 122 . A partir de 1996, elle devient « la journée, à l’Ecole, de la coopération pour le développement » et en 1998, « la semaine de coopération et de développement à l’Ecole ».

TABLEAU N° 5: Liste des manifestations auxquelles l’école doit s’associer ( Manifestations signalées dans le B.O.E.N. )

La première « journée » a été fixée au 24 octobre 1981 et elle aura lieu tous les ans à peu près à la même date. Le Ministère souhaite lui donner un grand retentissement en ouvrant l’Ecole sur l’extérieur et en faisant intervenir la presse. Une circulaire de J.P.Chevènement donne des précisions sur ce qu’elle doit être : un moment fort mais pas une journée isolée, l’occasion de bilans et de projets en concertation avec toute la communauté scolaire et avec l’extérieur, la mise en relation de ces projets et des programmes des différentes disciplines: Le ministère demande également un compte-rendu à chaque établissement qui pourra servir pour la mise au point de la formation des maîtres sur le thème de l’éducation au développement. On trouve dans le B.O. les canevas permettant d’établir les bilans des actions ( initiateurs, partenaires, niveaux d’enseignement, disciplines concernées, nombre d’élèves impliqués, buts, moyens, coûts. ).

Ces impulsions ministérielles suivent de très près aussi les initiatives internationales dans ce domaine. Les journées internationales font aussi l’objet d’incitations de la part du Ministère, C’est le cas de la « Journée internationale des droits de l’Homme » ou de la « Journée de l’alimentation ». Les thèmes de l’année au niveau international servent souvent aussi de fil conducteur. En 2000, l’UNICEF organise une « journée des droits de l’enfant » pour préparer le sommet mondial de l’ONU. Le Ministère fait appel aux CM, 5°, 2° pour faire des dessins ou constituer des dossiers proposant des améliorations à la condition des enfants dans les pays développés comme dans les pays en développement. Trente classes seront retenues et reçues à Paris par le Ministre de l’Education nationale, un représentant du Président de la République et un représentant de l’UNICEF. Douze jeunes iront à New York pour porter les projets sélectionnés. La campagne mondiale contre la faim mise sur pied par la FAO en 1961 est reconduite chaque année. En avril 1983, le Ministère recommande la participation à une campagne d’alphabétisation en Afghanistan et au Salvador, en 1998, la création de clubs UNICEF et la consultation du site Internet de l’UNICEF pour les jeunes.

Il peut aussi lancer des actions quand l’actualité les impose. Une des plus spectaculaires et des plus médiatiques est « Du riz pour la Somalie » lancée par B.Kouchner en 1992, qui a mobilisé beaucoup d’établissements scolaires. La circulaire rappelle les textes de l’ONU sur les droits de l’enfant et annonce l’opération dans le cadre de la journée Tiers Monde à l’école. Il s’agit de rassembler le maximum de paquets de riz, mais aussi à cette occasion, de faciliter la sensibilisation. Outre l’Education nationale, les ministères de la Santé et de l’action humanitaire, de l’Equipement, des Transports, la Poste participent à cette initiative très médiatique. Les Inspecteurs d’Académie désignent un responsable par département qui s’occupe de prendre contact avec les différentes administrations pour organiser les opérations. Sur place, le riz sera distribué par l’UNICEF. En 1993, l’opération « 1000 défis pour ma planète » a été portée par les ministères de l’Education Nationale et de l’Environnement. De plus en plus souvent, ces opérations sont mises sur pied en collaboration avec des associations 123 .

Les instances locales de l’éducation nationale peuvent également initier des projets. Par exemple, en Savoie, le « Courseton » a été organisé par la Direction départementale des sports du 1° degré pour donner une dimension Tiers Monde aux Jeux Olympiques d’Albertville en 1992. Une course sponsorisée a été organisée. De toutes les régions de Savoie, des élèves ont acheminé les anneaux olympiques jusqu’à Albertville ( Il y avait cinq circuits représentant les cinq anneaux olympiques ) . « Le Dauphiné Libéré » a suivi la course au jour le jour. 200 écoles y ont participé et 600.000 F. ont été rassemblés. L’argent était destiné à une école de Bignona au Sénégal où se situe une des actions du Conseil Général 124 .

Notes
122.

B.O.E.N. n°16 du 23/4/1981

123.

Cf. 3° partie : « La mise en œuvre de l’éducation au développement ».

124.

Sources : la presse locale.