Des contacts directs avec le Tiers Monde

Depuis longtemps le Ministère souhaitait ouvrir l’école sur le monde mais les échanges linguistiques, sans exclure d’autres contacts, avaient été privilégiés. A partir des années 80, il essaie de favoriser les échanges directs avec le Tiers Monde.

Il encourage la venue dans les écoles dintervenants originaires du Tiers Monde ou ayant une expérience de travail dans le Tiers Monde. Ce sont des étudiants, des stagiaires qui bénéficient d’une formation en France, d’anciens coopérants, des volontaires partis dans le cadre d’ONG ou des militants connaissant bien les pays africains par exemple. La collaboration du système éducatif et des ONG sur laquelle nous reviendrons apparaît comme un des moyens les plus efficaces de prendre contact avec les réalités du Tiers Monde. Les textes officiels n’oublient jamais non plus de rappeler l’intérêt des apports des enfants et adolescents issus de l’immigration.

Les appariements entre établissements scolaires, déjà mentionnés, sont un autre moyen d’échanges que le Ministère privilégie parce qu’il suppose un engagement durable et en principe la réciprocité. La circulaire du 26 mai 1983 signale qu’il existe 2121 appariements au total. Ils concernent surtout des échanges linguistiques avec des pays industrialisés mais il serait aussi souhaitable d’en établir avec le Tiers Monde, « malgré des difficultés plus grandes ». Le B.O. rappelle l’intérêt de la correspondance scolaire et l’existence d’un bureau qui peut fournir des partenaires aux écoles françaises qui le souhaitent.

Le Ministère voit dans les voyages un moyen de contact exceptionnel qui peut être envisagé aussi bien dans l’enseignement primaire que secondaire. Mais il n’en dissimule pas les difficultés sur le plan financier et matériel. Pour qu’ils soient une réussite, il insiste sur quelques conditions indispensables. Il faut être modeste et ne pas vouloir à toute force monter un projet trop « lourd » ( une classe entière par exemple ou un voyage avec réciprocité ). On peut se contenter d’accueillir quelques jeunes seulement de l’école partenaire et envoyer quelques jeunes français. Un voyage ne doit jamais être une fin en soi, une action isolée mais une étape dans une ouverture vers un autre pays, un épisode dans une action prolongée. Il doit être préparé par des PAE ou des activités d’éveil, en collaboration avec les associations de parents d’élèves, des ONG, des syndicats et des collectivités locales. Enfin il doit avoir des prolongements au retour. La durée envisagée peut être de deux à trois semaines dont la plus grande partie sera prise sur les vacances, sous la responsabilité des chefs d’établissements ou directeurs d’écoles après autorisation de l’Académie qui examinera les conditions matérielles avec soin. Les problèmes financiers ne sont pas vraiment soulevés et la question de l’encadrement des élèves peu abordée. L’âge des enfants dans le primaire a paru à beaucoup d’enseignants, être un obstacle, de même que la durée de trois semaines. Les chefs d’établissements, en outre risquaient de ne pas apprécier la responsabilité qui leur était confiée. Mais cette circulaire audacieuse, « utopique » pour certains, montrent cependant l’intérêt que l’institution portait à cette ouverture sur les autres continents. Par la suite, les déplacements d’élèves seront soumis à des conditions plus draconiennes, par exemple il faut demander au Ministère des Affaires étrangères un avis sur la situation générale dans le pays et les éventuels problèmes qu’on pourrait rencontrer. L’intérêt des voyages est évident aussi pour les étudiants. Des stages pour des finalités professionnelles et de préférence réalisés au cours de leurs études sont encouragés. Il est possible d’obtenir des bourses individuelles ou collectives.