Un exemple : les programmes de Terminales en Histoire-Géographie-Education civique (Enseignement général )

Le programme de Terminales est particulièrement intéressant parce qu’il est très axé sur le monde contemporain et qu’il se prête bien à l’éducation au développement, parce qu’il concerne des élèves déjà mûrs, donc avec lesquels on peut aborder des analyses plus complexes. Sans entrer dans le détail des différents programmes ( nous utiliserons surtout ceux de 1982, 1988 et 1995 ), quelques constantes se dégagent 134 .

Document 7 : Programme d'histoire et géographie de Terminales de 1988 revus en 1993
Document 7 : Programme d'histoire et géographie de Terminales de 1988 revus en 1993
DOCUMENT8 : Programmes d’histoire et de géographie de Terminales ( 1995 )
DOCUMENT8 : Programmes d’histoire et de géographie de Terminales ( 1995 )

Le recul des civilisations extra-européennes est visible depuis les allègements de 1967. Elles ne reviendront jamais au programme de Terminales, par contre elles seront introduites en Seconde à raison d’une, au choix, à partir de 1987. On peut les prendre en exemple pour illustrer un point du programme d’histoire : par exemple « Le Tiers Monde entre tradition et modernité »…point qui ne peut pas faire l’objet d’un sujet au bac, ce qui veut dire qu’il ne sera pas traité, étant donné la lourdeur du programme. Le programme de 1995 ( appliqué à partir de la rentrée 1998 ) est encore un peu plus en retrait en ne prévoyant qu’une carte des aires politiques et des aires de civilisation dans le monde. Les allègements de 2001 suppriment même cette partie pour les Terminales S. Ce recul révèle un attachement à un enseignement traditionnel de l’histoire basé sur la France et l’Europe où la connaissance des autres civilisations n’apparaît pas comme prioritaire. Malgré certaines déclarations officielles : « L’enseignement se nourrit des problématiques et des avancées de la recherche universitaire », les progrès de l’histoire africaine ne semblent pas avoir eu beaucoup d’influence sur les programmes. C’est un reproche fréquent fait par les chercheurs spécialistes de l’histoire africaine comme C.Coquery-Vidrovitch à Paris.

Par contre, les mises en cause sont plus radicales sur la colonisation et ladécolonisation,dans les programmes comme dans les manuels. On lève le silence sur certains évènements et aspects de la politique française. Sans la remettre en cause totalement, les méfaits de la colonisation sont dénoncés : les bouleversements économiques et les mutations des sociétés, les conflits liés aux frontières artificielles imposées par les puissances coloniales, les chocs culturels. On montre également l’existence de mouvements nationalistes et le refus de la métropole de les prendre en compte ce qui conduira parfois à des guerres douloureuses. L’étude de « l’émergence du Tiers Monde » est une constante dans tous les programmes depuis le début des années 80.

Les analyses des inégalités du développement sont de plus en plusapprofondies.Cette étude qui occupe une place relativement importante, apparaît en histoire comme en géographie et dans plusieurs rubriques. Avec le recul de l’étude des cultures, les programmes deviennent de plus en plus « économistes ». Ceux de 1982 et 1988, réactualisés en 1993, en sont un bon exemple. On privilégie les analyses du phénomène global : les critères, les facteurs et les voies du développement, les relations Nord-Sud, l’aide au développement. Des pays africains sont au programme : en 1982, à propos des inégalités de développement, le programme parle « d’exemples pris en Afrique ». En 1988, c’est plus précis, il impose l’étude d’un pays africain, la Côte d’Ivoire ou l’Algérie. On insiste aussi beaucoup sur la diversification du Tiers Monde avec l’apparition de la formule « les Tiers Mondes au pluriel ».

A la fin des années 90, par contre, les P.E.D. sont pénalisés par les remaniements de programmes et d’horaires. En 1995, l’Afrique est évoquée globalement à travers un grand thème : « les grandes villes d’Afrique ». Le reste des P.E.D. est présent avec « Agriculture et développement en Amérique Latine », « Population et développement en Chine et Union Indienne ». Un 4° thème concerne la Russie. Dans le même programme, la disparition de « la France dans le monde » fait qu’on parlera sans doute moins de l’Afrique. En 2001, les 4 thèmes obligatoires deviennent un thème fixe ( « Population et développement en Inde ou en Chine » ) et un thème tournant ( pris parmi les trois autres ) en TL et TES. En TS, il ne reste qu’un thème tournant. «  Les transformations économiques et sociales du monde depuis 1945 » qui figuraient au programme d’histoire de 1995 et incluaient les inégalités du développement, sont limitées en 2001 aux pays industrialisés. Dans un libellé récent du programme de Terminale S, il est prévu de consacrer 6 heures seulement aux « mondes en quête de développement » dont la Russie fait partie. A l’heure de la mondialisation, l’ouverture sur les PED et plus particulièrement l’Afrique risque donc d’être sacrifiée.

La réintroduction de l’Education Civique à partir de 1999, permet de compenser un peu ce recul. Après la guerre, le Ministère et la société attachaient de l’importance à l’Instruction civique pour perpétuer les idéaux de la Résistance et faire passer cette exigence du « Plus jamais çà ». Elle avait été ensuite supprimée dans le second cycle ( 1965 ). Alors que la majorité est fixée à 18 ans depuis 1974, en 1982, le programme d’Instruction civique est « partie intégrante des programmes d’Histoire et de Géographie » et ne donne lieu à aucun horaire spécifique. La réflexion porte surtout sur les institutions et la vie politique des pays étudiés en Histoire et géographie et sur la communauté internationale (Organisations internationales, défense des droits de l’homme, Nouvel ordre économique international ). Elle réapparaît en tant que telle en Terminale en 1995.

Ses objectifs sont :

 La citoyenneté face à l’évolution des Sciences et des Techniques

 La citoyenneté et les exigences renouvelées de justice et d’égalité

 La citoyenneté et la construction de l’Union Européenne

 La citoyenneté et les formes de mondialisation

Ce programme est loin de concerner en priorité l’Afrique et les PED mais il permet d’introduire au moins partiellement l’éducation au développement à travers le deuxième et le quatrième objectif.

Notes
134.

Voir DOCUMENTS 7, 8, 9.