Leur examen permet de faire le même constat que pour les classes Terminales : quel que soit le contenu des programmes, si l’enseignant en voit l’intérêt, il peut les orienter, à un moment ou à l’autre de l’année, vers les relations Nord-Sud.
Dans l’enseignement primaire, l’introduction des activités d’éveil en 1969, aurait pu constituer un bon ancrage pour l’éducation au développement. Mais il faut constater qu’elle ne l’a pas fait vraiment avancer. Les programmes n’étaient pas suffisamment explicites, les maîtres ont été embarrassés pour lui donner un contenu. Les manuels ne leur sont pas d’un très grand service en général. Cependant en CM surtout, ils montrent mieux tous les aspects de la colonisation. En 1981, le manuel Dorel et Ferré ( édition Colin ) mentionne l ‘exploitation coloniale et la puissance des nationalismes. Il est prévu aussi d’aborder le thème de « la faim dans le monde et de montrer la solidarité nécessaire entre la
France et les autres parties du globe ». A partir de 1985, l’éducation civique, qui vient d’être réintroduite dans le primaire, insiste sur l’égalité des droits ( une initiation à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme est prévue ) et appelle à participer à des campagnes humanitaires. Le programme des CM en 1995, qui prévoit 4 heures par semaine en Histoire, Géographie, Education civique, donne des supports à l’éducation au développement avec l’étude du XX° siècle et l’évocation des droits de l’homme. Les nouveaux programmes du cours moyen 135 insistent, en éducation civique, sur les conventions internationales qui concernent les enfants et plus particulièrement le travail des enfants et en géographie sur la nécessité de leur faire prendre conscience du caractère mondial de nombreux problèmes économiques et des inégalités entre les régions du globe.
Dans l’enseignement secondaire
Dans l’enseignement Secondaire, beaucoup de programmes se sont succédé, accordant plus ou moins de place au Tiers Monde et au développement selon les périodes et les sections. Plusieurs enseignants interrogés estiment que la fin des années 80 et le début des années 90 ont été une période faste : les programmes se prêtaient particulièrement bien à l’éducation au développement, en Seconde, en 3° et surtout en 5° où le développement était vraiment le fil conducteur à partir de 1985.
Quels thèmes ont été les plus porteurs ? En histoire, la notion de civilisation et l’étude de civilisations anciennes ( 6° et 5° ) peut faire naître un autre regard sur ce qui est différent. Les grands voyages de découvertes, la colonisation ( 5°, 4°, 2° 1° ) permettent d’élargir aux dimensions du monde et de prendre conscience du choc des peuples et des civilisations. En 3°, il faut évoquer aussi la décolonisation et l’émergence du Tiers Monde. Le programme de 1987, en 2°, recommandait de « mettre l’accent sur la découverte de civilisations extra-européennes, avec un regard plus appuyé sur une civilisation » ( Chine, Japon, Afrique Noire, monde musulman ). Mais cette étude disparaît des programmes de 1995, par contre on continue à étudier l’ Islam ( 5° et 2° ).
En géographie, l’étude des populations, des milieux de vie et des activités des hommes en général ( 6°, 2° ) permet de parler du Tiers Monde. Les analyses font évidemment davantage ressortir la complexité des problèmes en Seconde, selon les recommandations du Ministère. Le continent africain d’abord étudié en 6°, passe en 5° et à partir de 1976, apparaît sous le forme d’un thème qui peut être l’agriculture en Afrique Noire, les activités industrielles en Afrique ou un état africain particulier. L’étude des « grandes questions » comporte celle de « la faim dans le monde ( 5° et 3° ). En 1985, en 5°, les inégalités du développement sont le thème central du nouveau programme et un des thèmes transversaux à traiter en interdisciplinarité. Les recommandations du Ministère 136 insistent sur la nécessité de faire appréhender la notion de développement et de sous-développement, en montrant que le développement ne se réduit pas à certains critères économiques. L’étude de l’Afrique est plus poussée. Les problèmes et les voies du développement sont évoquées à travers l’exemple de l’Algérie et de la Côte d’Ivoire. En 3°, il est prévu d’aborder la croissance, la mondialisation de l’économie et l’interdépendance entre les états. « La France dans le monde » en 3° et en 1° peut être aussi l’occasion d’insister sur l’Afrique, à travers la francophonie. En 2°, de nouveaux programmes sont à l’étude, en ce début du XXI° siècle : un des chapitres serait « Nourrir les hommes ».
La réintroduction de l’Education civique ( ECJS : éducation civique, juridique et sociale ) à partir de 1985 dans le 1° cycle ( 2H ½ pour H.-G.-ECJS. ) et de 1999 dans le second ( 0h 5 par semaine ) a été aussi positive. Elle avait été précédée d’une enquête auprès des élèves et des enseignants en 1980, de la publication d’une brochure par C.Beullac en 1981 et d’un colloque en 1984. Quelques points des programmes peuvent faciliter l’éducation au développement. Le programme de 1985 insiste en 6° sur le respect de l’autre, la reconnaissance des autres cultures et dans la partie qui concerne « la Commune », sur la vie associative, en 5° sur les diversités et les solidarités entre les hommes, sur la tolérance, le refus des racismes, le dialogue Nord-Sud. L’étude des grands textes, comme la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948, est prévue en 4°. En 3°, il s’agit surtout d’évoquer la vie internationale : les organisations internationales, la francophonie, les ONG et la coopération, la diversité des cultures. Le Ministre J-P. Chèvenement insiste sur la nécessité de réfléchir à notre origine nationale, tout en nous inscrivant dans le cadre européen et international. En 1995, le découpage du programme, de la Commune à l’Etat disparaît au profit de l’étude des grands principes. En 6° ce sont les droits de la personne et particulièrement le droit à l’éducation, en 5°, l’égalité, la solidarité, la sécurité, en 4°, la liberté, la justice et en 3°, un chapitre aborde la solidarité internationale. A partir de 1985, les heures d’éducation civique ont été prises sur l’histoire, la géographie et le français. Il existe un grand risque de voir l’Education civique sacrifiée d’autant plus que, en 3°, on ne sait pas bien comment l’évaluer au BEPC.
Dans les sections techniques et professionnelles, les objectifs sont les mêmes que dans les sections générales mais avec des horaires plus réduits. L’histoire et la géographie disparaissent même en Terminale STI, SMS, STL. Les programmes de 1995 prévoient, pour les bacs professionnels, l’étude des inégalités du monde et de « la France dans le monde », la première année et le Tiers Monde, les voies du développement, les organisations internationales, la deuxième année. Il y a en outre des thèmes optionnels qui concernent parfois le Tiers Monde, par exemple « Population et développement en Chine et Inde » ou « l’eau dans le monde ». L’éducation civique a été instituée en LEP depuis 2001 mais elle se limite souvent à réfléchir aux « grands aspects de la citoyenneté et de la civilité ».
B.O. spécial du 14/02/2002
B.O. n° spécial de septembre 1987 : Compléments aux programmes du collège