Au départ, beaucoup d’associations considéraient que leur intervention dans les écoles était un prolongement des projets qu’elles menaient sur le terrain. Elles essaient donc de soulever l’émotion et de présenter leurs actions. Elles en attendent une sensibilisation des élèves, des parents, des enseignants, qui permettra d’obtenir une contribution financière plus importante. Elles donnent donc du Tiers Monde une vision surtout misérabiliste et négative, « les pays de la faim », qui marquera longtemps les mentalités. Elles accréditent aussi l’idée que le problème pourra être réglé par la seule aide financière et technique. Pour l’enseignement catholique, c’est la forme classique d’intervention. Des missionnaires, de retour d’Afrique passent dans les écoles pour témoigner de leur action et obtenir des fonds. Certains enseignants appréciaient peu ces initiatives. Ils avaient l’impression que l’Ecole était une planche de salut pour les associations et que l’objectif financier primait d’une manière excessive sur la sensibilisation et les problèmes de fond. Certaines associations ou antennes locales restent encore actuellement sur ces positions.
Mais, à partir de la fin des années 70, au fur et à mesure que la réflexion sur le développement et les relations nord-sud, s’approfondit dans les associations, les objectifs changent. La sensibilisation est déconnectée des préoccupations financières : « L’école n’est pas un lieu de quête » 152 . L’objectif devient donc essentiellement « l’éducation au développement ». Il s’agit pour les associations de « pallier aux carences de l’Ecole ». Certains militants disent ouvertement que l’Ecole n’est pas à la hauteur des enjeux et que les associations ont un rôle déterminant à jouer…ce qui n’est pas toujours du goût des enseignants. Faire de l’information dans les écoles, c’est préparer l’avenir. Ils lui reprochent de ne pas être assez critique sur la situation internationale et veulent contrecarrer « le message dominant ». Les positions sont plus ou moins radicales selon les ONG, selon leurs responsables locaux. Mais on constate que les associations qui font le plus d’efforts pour faire entrer le Tiers Monde dans les écoles et multiplier les actions, sont généralement celles qui vont le plus loin dans les analyses des situations : elles défendent souvent des positions très novatrices sur le développement. En outre, les difficultés des associations à sortir du cercle déjà sensibilisé, les orientent vers les écoles dont le public se renouvelle.
‘« L’éducation au développement est une éducation dynamique, ouverte à la participation, créative et active, orientée vers l’engagement et l’action. Elle doit mener à une prise de conscience des inégalités planétaires dans la répartition des richesses et du pouvoir, de leurs causes et de leurs conséquences ainsi que du rôle qui nous revient dans l’effort pour construire des structures plus justes ».Cf. Petit manuel d’éducation au développement pour le milieu scolaire ( Peuples Solidaires et Terre des Hommes ).