De l’information

« Les ONG ont une pratique ancienne des relations avec les pays en voie de développement. Elles ont acquis aussi une excellente connaissance de ces pays, disposent d’une documentation et d’un savoir-faire auquel il peut être utile de faire appel ». B.O. : Note de service du 13/9/1985

Les ONG ont en effet un immense atout qui est la connaissance du terrain. Beaucoup envoient des volontaires qui vivent aux côtés de la population pendant des mois et leurs militants suivent de plus en plus près les actions et font, pour un nombre croissant d’entre eux, des voyages sur place. Elles font aussi venir en France des partenaires africains. Ces contacts directs se multiplient depuis que les associations locales et les collectivités territoriales, de plus en plus souvent, prennent directement en charge des projets de développement. Leurs interventions dans les classes ou dans le cadre des foyers socio-éducatifs, apportent donc une réalité et une authenticité aux analyses sur le Tiers Monde qui sont très efficaces auprès des jeunes. En 1998, Terre des Hommes, dans le cadre de la campagne « Demain le monde : le défi alimentaire », est intervenue dans 39 classes de Savoie 158 . « Artisans du monde » a proposé des interventions en milieu scolaire sur le site Internet de l’APHG de Grenoble 159 .

Mais certaines conditions doivent être réunies pour assurer la réussite de ces interventions. Au début, on laissait beaucoup de place à l’improvisation. Les associations partaient du principe qu’un intervenant était efficace s’il avait quelque chose d’intéressant à dire. A partir des années 80, avec les possibilités qu’ouvre l’éducation au développement, les interventions obéissent à de véritables techniques. Il faut d’abord recueillir des renseignements sur la classe, fournir de la documentation, faire passer des questionnaires éventuellement et « monter » la séance avec le maître. Les associations conseillent aussi à leurs intervenants de proposer une sensibilisation sur la durée, quand c’est possible, au lieu d’une intervention ponctuelle. Il faut également qu’il y ait un suivi après, ce qui, explique les réticences des associations à intervenir en fin d’année ( elles se plaignent parfois que les écoles les fassent venir « pour occuper des élèves qui sentent les vacances arriver » ). Donc très vite, les associations constatent la nécessité de former les intervenants.Elles ont pris conscience que pour être efficace et faire passer son message auprès des jeunes, il faut avoir des compétences et être aussi pédagogue. Un certain nombre de militants sont des enseignants ou des retraités de l’enseignement. Ils sont naturellement beaucoup sollicités mais les associations organisent aussi des sessions de formation ( Universités d’été, week-end de formation, rencontres régionales…). Une rencontre-formation a été organisée en 1995 par Peuples Solidaires sur le thème de l’éducation au développement en milieu scolaire. Un autre problème se pose ces dernières années. Les associations se professionnalisent et gagnent en efficacité. Certaines ont la tentation de faire payer leurs « interventions », ne serait-ce que pour subventionner l’emploi permanent qui leur permet de fournir des services à la demande. Mais les établissements scolaires n’ont pas toujours les crédits nécessaires. Si ces demandes se généralisaient, cela limiterait sans doute la collaboration entre les écoles et les associations.

Document 11 : Message de l'association
Document 11 : Message de l'association Artisans du Monde sur le site Internet de l'APHG (2001)

Elles mettent aussi à disposition un matériel pédagogique très varié ( livres, revues, documents audio-visuels, jeux pédagogiques, valises pédagogiques...), souvent bien conçu et adapté aux âges des élèves. Ce matériel peut-être prêté aux enseignants mais les associations disposent parfois aussi d’un centre de documentation destiné à leurs militants mais aussi aux scolaires et aux étudiants qui peuvent y trouver une aide pour la réalisation de dossiers, exposés….L’association Ritimo est à la tête d’un réseau national de centres de documentation reliés entre eux. Ces CDI semblent être moins nombreux actuellement et moins fréquentés parce que ceux des établissements scolaires se sont beaucoup développés, parce que les municipalités ont crée des médiathèques souvent riches, au moins dans les villes importantes, et à cause de la concurrence d’Internet.

L’information peut se faire aussi sous la forme d’activités culturelles. L’AMCC de Chambéry a eu pour objectif dès le départ de décentraliser les activités culturelles et de les mettre à la portée du maximum de personnes. Il fallait donc rapprocher l’Afrique et sa culture, des écoles. Elle a obtenu de certains groupes africains qu’elle faisait venir à Chambéry, qu’ils passent dans les établissements. Des séances de cinéma ( films sur l’Afrique et films africains ) ont été organisées pour les scolaires, sur le temps de l’école 160 . L’association « Chambéry-Ouahigouya », qui pilote l’action de la ville, a organisé beaucoup de manifestations ( expositions, conférences, projections…) où elle a fait de gros efforts pour faciliter la venue de classes.

Notes
158.

Source : témoignages des animatrices.

159.

Cf. DOCUMENT 11 : Message de l’association « Artisans du Monde ».

160.

Pour plus de détails, voir 3° partie B 4° : « L’éducation au développement par le spectacle ».