Même si les espoirs des années 70-80 sont un peu retombés par la suite, ces activités restent, aux dires de beaucoup d’enseignants contactés, des moments privilégiés dans leur carrière. Ils ont eu l’impression de toucher à l’essentiel et d’être vraiment des « éducateurs » au sens plein du terme. Leurs engagements sont souvent ceux de toute une vie : « c’est parfois difficile à mener, mais le jeu en vaut la chandelle ».
Le thème de l’Afrique et l’éducation au développement en général leur ont permis d’aborder des problèmes fondamentaux et de faire passer les valeurs auxquelles ils tiennent : justice, tolérance, solidarité… « L’euphorie n’est pas mon lot de tous les jours mais quand je sens qu’ils sont en train de découvrir quelque chose d’essentiel, quelle joie ! » témoigne une enseignante. Ils en tirent aussi des satisfactions d’ordre pédagogique. L’éducation au développement offre la possibilité d’une pédagogie novatrice. En utilisant des méthodes plus actives, en apprenant aux élèves à prendre des responsabilités, les enseignants ont l’impression d’aller dans le bon sens et de promouvoir une véritable éducation. Le décloisonnement des disciplines, souhaitable dans ce type d’activités constitue aussi une innovation intéressante.
L’éducation au développement a permis aussi d’instaurer des relations plusgratifiantes avec les élèves. Il a été facile de les intéresser surtout dans les années 70-80, où ces questions étaient nouvelles dans l’enseignement. L’étude des cultures africaines a été une véritable révélation pour la quasi totalité d’entre eux. La littérature francophone a souvent suscité leur intérêt. A l’occasion de projections sur l’Art Nègre, qui les déconcerte cependant, « cela me plait parce qu’on ne l’a jamais abordé en classe » dit un élève de Seconde. L’étude des problèmes de développement leur a donné l’impression d’être en prise sur le monde, au contact de « la vraie vie » dit un autre 178 . Cette sensibilisation est aussi l’occasion d’activités où la hiérarchie enseignants-élèves s’estompe, où on agit ensemble, où on se découvre et on apprend à mieux se connaître. Beaucoup d’élèves et d’enseignants apprécient ce nouveau type de relations. Ces échanges sont particulièrement riches à l’occasion de voyages : faire découvrir l’Afrique à quelques jeunes particulièrement intéressés et généreux est souvent le point d’orgue d’une carrière d’enseignant.
Il s’y ajoute le sentiment d’être utile à l’Afrique en faisant connaître ses problèmes, en gérant des partenariats, même si actuellement l’espoir n’est plus toujours au rendez-vous et laisse parfois la place au doute.
Sources : Enquête citée et souvenirs personnels.