Le contenu des actions

Le choix se porte souvent au départ sur des actions en relation avec l’éducation et la formation : envoi de livres, de matériel scolaire, équipement d’un centre de documentation ou d’une bibliothèque, d’ateliers professionnels…Cela peut aller, plus rarement, jusqu’à la construction d’une école avec l’aide des villageois concernés. A partir de la fin des années 90, des établissements ont essayé de doter leurs partenaires en moyens de communication modernes. Le lycée du Grésivaudan, près de Grenoble, a envoyé au lycée de M’Bour 24 ordinateurs, du matériel de reprographie, des télévisions et des magnétoscopes. Il a même pris en charge la climatisation de quelques salles pour protéger ce matériel. Ces dotations, outre leurs avantages pédagogiques pour les lycéens sénégalais, ont facilité les échanges entre les deux établissements.

Les interventions peuvent aussi porter sur la santé et l’alimentation. Les envois de médicaments ont été fréquents à une époque. Cette pratique est en recul, à la demande des états africains eux-mêmes qui essaient de mieux contrôler la distribution des médicaments et d’en fabriquer sur place, qui soient mieux adaptés aux besoins. Les actions peuvent porter aussi sur des campagnes de vaccination, et sur des aménagements hydrauliques qui ont le double avantage, de procurer de l’eau potable et de promouvoir le développement agricole. L’aménagement de puits est une des formes les plus courantes de l’intervention d’une école dans un village.

Il se développe depuis le milieu des années 90 surtout, des actions d’un grand intérêt qui concernent l’échange de compétences. L’envoi de technologies dans le Tiers Monde ou l’envoi d’argent destiné à acheter sur place ces technologies a toujours été, depuis les années 60, une forme d’action. Beaucoup d’enseignants se rappellent que les clubs qu’ils animaient, ont acheté des petites charrues, des semoirs et des bœufs pour les tirer. Par exemple, en 1965, le lycée de St Jean de Maurienne a acheté trois motoculteurs pour le Dahomey. Mais ce qui est nouveau et qui concerne l’enseignement technique surtout, c’est que les établissements scolaires ici sont sollicités pour mettre au point des technologies adaptées à la demande des partenaires. Dans les cas d’échanges particulièrement riches, entre deux établissements scolaires ou centres de formation, les partenaires font de la recherche sur le même problème technique. Cette collaboration est plus répandue dans l’enseignement agricole 197 . La conception s’accompagne souvent d’un voyage où quelques élèves vont expérimenter la technologie mise au point et former éventuellement les partenaires à son utilisation.

Le lycée d’Astier en Ardèche a mis au point, avec l’aide d’une ONG, une mini-station de pompage pour un village de Casamance, au sud du Sénégal. Par la suite, il y a travaillé aussi sur un système d’éclairage pour la case-santé. Des élèves de BEP du lycée Sommeiller d’Annecy ont fabriqué, avec l’aide de leurs enseignants et d’un professionnel, l’entreprise Guinard, une pompe solaire pour le Burkina-Faso. Deux professeurs et douze élèves sont allés l’installer et le lycée a accueilli pendant trois mois deux jeunes burkinabés pour une formation qui comprenait une initiation à la maintenance de la pompe 198 . Au lycée professionnel de la Ravoire ( Savoie ), en 2002, la filière menuiserie-ébénisterie, en relation avec des élèves du BTS design, est entrée en contact avec un établissement analogue à Essaouira au Maroc 199 . L’objectif est un échange de compétences. Quatre classes du lycée professionnel du Chablais, en Haute-Savoie, ont mis au point le projet « Help » 200 . Il s’agit de classes d’électrotechnique, d’équipement et installation électrique, de maintenance des systèmes mécaniques automatisés et de secrétariat. Elles ont conçu, pour un village du Sénégal, un système d’alimentation en eau qui fonctionne grâce à une éolienne et des panneaux solaires. L’établissement est en relation avec des entreprises sénégalaises chargées de la fabrication des équipements et avec des associations et collectivités locales pour le financement. L’action intitulée « Des vélos pour l’Afrique », évoquée dans le tableau n° 21 est également un bon exemple d’une collaboration technique plus large, avec plusieurs objectifs, qui peut naître entre des établissements scolaires et des partenaires africains et ici, entre des établissements scolaires, des collectivités locales et des associations. Elle est très caractéristique de l’évolution actuelle et de la place que les établissements scolaires peuvent prendre dans les actions de développement au Sud.

TABLEAU N° 21 : Des vélos pour l’Afrique

Ces initiatives permettent de doter des pays du Sud de technologies appropriées puisqu’elles ont été élaborées par les deux partenaires et d’éviter que l’Afrique ne continue à être un cimetière de matériel inadapté. Pour les élèves d’ici, c’est la possibilité de faire des travaux pratiques « grandeur nature » et d’aborder concrètement les problèmes fondamentaux du Sud. Elles permettent aussi l’apprentissage de la responsabilité, de la gestion d’un projet, par l’instauration de relations contractuelles, établies après une négociation entre les partenaires. Elles peuvent aussi créer des liens entre enseignants et techniciens ici et en Afrique.

Notes
197.

Cf : ANNEXE  7 : La coopération Nord-Sud dans l’enseignement agricole.

198.

Archives départementales.

199.

Entretien avec le chef de travaux.

200.

HELP : Humanitaire, Eolienne, Lycée, Projet.