Les voyages dans des PED

Nous n’insisterons pas sur leur destination, ils s’organisent dans les pays où l’établissement scolaire a une action, la liste est donc la même et c’est en Afrique francophone qu’ils sont le plus nombreux. Il faut y ajouter des impératifs de sécurité. Le Ministère des Affaires étrangères met à jour, régulièrement, une liste de pays où il est formellement déconseillé de se rendre. Il est évident que des projets de voyage scolaire dans ces pays n’obtiendraient pas d’autorisation. Donc le plus souvent, on se rend dans les pays d’Afrique francophone avec lesquels on collabore sur un projet de développement et qui ne présentent pas de risques sur le plan politique.

Ces voyages s’adressent en général à des élèves « triés ». Il est rare qu’une classe entière parte, ne serait-ce que parce que son accueil serait trop lourd à supporter par les partenaires. En général, partent quelques élèves choisis dans les clubs, parmi les plus motivés et les plus actifs ou appartenant à des filières qui ont mis au point des technologies pour leurs partenaires. Avant le départ, certains animateurs leur demandent un engagement à continuer à œuvrer pour l’échange et à faire, à leur retour, des comptes-rendus de leur expérience sous forme d’expositions ou d’interventions dans les clubs, dans les classes ou même dans d’autres établissements. Il n’est pas toujours respecté.

Ces voyages sont généralement précédés d’une longue préparation. C’est au bout de plusieurs années d’échanges qu’un voyage est organisé. Cela semble être la meilleure garantie d’efficacité et de réussite. Cela induit une formation aux problèmes de développement et aux autres cultures et une connaissance du milieu du partenaire. Avant d’organiser un voyage, l’expérience montre qu’il est nécessaire aussi de réfléchir sur les attentes de chacun, le sens et le contenu du séjour. Dans certains cas, le voyage est la première phase d’un partenariat. C’est souvent les élèves qui y poussent. Il ne faut pas se dissimuler que certains fréquentent les « clubs Solidarité », pour cette raison en priorité. Quand ils sont effectués trop rapidement et sans préparation suffisante, les voyages peuvent avoir des conséquences très négatives, le choc de la différence et de la misère n’est pas toujours facile à gérer. Il est même catastrophique quand l’incompréhension s’installe entre les partenaires et que les préjugés ressortent.

Ces voyages peuvent avoir des objectifs divers. Le premier est de mettre en contact les jeunes Français avec les réalités des pays africains. C’est l’aspect « voyage d’étude ». Certains déplacements ne sont que cela. Ils sont alors organisés généralement avec l’appui d’une ONG qui travaille sur place. En général les accompagnateurs établissent des projets d’enquêtes et les élèves se les répartissent. Ils devront faire des rapports, au retour. «  Cela vaut tous les cours » dit l’un d’entre eux. Le voyage sert aussi à suivre les projets mis en place par les deux partenaires et quelquefois à y participer. Il peut donc s’accompagner de « chantiers » pour une ou plusieurs semaines, quand il s’agit de grands élèves. Ils travaillent alors avec leurs homologues africains et les deux « jeunesses » apprennent à se connaître mieux. Ces voyages ont aussi le mérite de dynamiser les activités des établissements. En revanche, il ne faut pas non plus les idéaliser : ils contribuent à la prise de conscience d’élèves qui avaient déjà commencé une démarche et étaient bien préparés à ce contact. Nous verrons que pour certains, cela débouche sur un véritable engagement. Mais pour d’autres, surtout si le voyage est mal préparé, il aura été un simple produit de consommation qui ne fait guère progresser l’éducation au développement : des animateurs ont été très déçus de ne plus voir l’année suivante, dans le club, certains « voyageurs », sans doute minoritaires. L’Afrique suscite quelquefois des initiatives originales mais qui n’ont rien à voir avec l’éducation au développement. L’association sportive d’un LP de la région de Grenoble a organisé, au printemps 2000, un raid africain : 3 ans de préparation au cours les quels, les engins ont été construits, 800 kilomètres à travers la Mauritanie et le Sénégal, des objectifs techniques, sportifs, relationnels mais apparemment rien de plus.

L’organisation matérielle d’un voyage est un travail très rigoureux et très lourd qui fait reculer un certain nombre d’enseignants 205 . Les premiers qui ont emmené des élèves en Afrique, ont fait preuve d’une certaine audace, surtout quand il s’agissait de collégiens. Théoriquement les élèves sont associés à sa préparation mais dans les faits, ce sont les animateurs adultes qui tiennent les rênes avec quelquefois la collaboration de certains parents qui peuvent fournir des informations ou aplanir les difficultés ( pour les départs en Afrique, et compte tenu des précautions sanitaires à prendre, les parents médecins sont appréciés ). Par contre les élèves peuvent s’autofinancer par des activités diverses dans l’établissement ou par du travail pendant les vacances. L’établissement peut prendre en charge une partie des dépenses par l’intermédiaire du foyer mais sa participation est très inégale. En général, il fait un effort particulier pour les élèves boursiers dont les familles ne pourraient pas assurer cette dépense, pour qu’aucun jeune ne soit écarté pour des raisons financières : dans certains établissements, grâce aux caisses de solidarité, des familles particulièrement démunies ne donnent qu’une participation symbolique. Les associations d’anciens élèves sont également sollicitées. Le reste du financement est assuré par les familles elles-mêmes, par des collectivités locales, par certains comités d’entreprises de parents, qui demandent une subvention pour leur fils ou leur fille. Les aides des Chambres de commerce ou d’agriculture ou d’organismes humanitaires tels que le Rotary Club ou le Lyon’s Club ou de sponsors privés sont de plus en plus rares parce qu’ils sont trop sollicités. La région Rhône-Alpes a offert quelques voyages. Par contre les Ministères n’ont pas de budget pour ce type d’activités.

Notes
205.

Sources : Enquête et témoignages déjà cités