L’accueil des partenaires

Certains sont accueillis directement par l’établissement. Ce sont des jeunes qui sont scolarisés et qui viennent dans le cadre d’un jumelage entre établissements scolaires. Dans l’enseignement technique, ils viennent parfois pour un stage de formation, qui peut durer plusieurs mois. Ils sont souvent accueillis dans des familles françaises. Ils peuvent venir aussi avec des enseignants et des membres de l’administration de leur établissement, pour des rencontres plus solennelles, comme on en voit souvent dans les jumelages. Quelquefois, ce sont aussi de jeunes adultes qui sont accueillis par des associations avec lesquelles l’établissement collabore et qui interviennent en milieu scolaire. Le poids financier de ces accueils repose presque toujours sur les établissements français. Cela en limite le nombre.

Quelques exemples parmi d’autres. A la fin des années 90, le lycée professionnel Montplaisir de Valence accueille des Maliens, des Mauriciens, des Congolais et des Mozambicains pour des stages. Le lycée du Granier dans la banlieue de Chambéry a accueilli une dizaine d’élèves du lycée de Bignona avec lequel il est jumelé, des élèves de 1° et Terminales choisis pour leurs résultats scolaires. En 2002, les associations « Chambéry-Ouahigouya » et « Edelweiss-Espoir » et 4 établissements scolaires ont accueilli le Directeur et deux jeunes d’un Centre social du Burkina Faso qui s’occupe d’enfants déshérités. Les jeunes ont été hébergés par des familles d’élèves et sont intervenus dans les établissements. En Savoie, au début des années 2000, une expérience originale, intitulée « Parrains du monde » a été mise en route grâce à la collaboration du département, de l’Inspection académique et de l’Université de Savoie. Il s’agit de proposer aux collèges qui le souhaitent de recevoir une demi-journée par semaine un étudiant étranger qui rencontrera les collégiens et pourra appuyer certaines activités du collège ayant une dimension internationale. Cela pourrait contribuer aussi à l’intégration de ces jeunes étrangers qui passent parfois plusieurs années de leur vie en France. Ils seront indemnisés par le département. Un budget de 150.000 F était prévu pour l’année scolaire 2001-2002. Entre 10 et 19 collèges ( sur 46 ) ont participé à l’opération chaque année. Une parenthèse pour signaler un cas d’accueil au lendemain de la guerre : le lycée de Gap, qui ,à cette époque, relevait de l’Académie de Grenoble, a reçu, en Seconde, 24 élèves togolais. Il a été impossible à ce jour de retrouver des traces de leur séjour ( on sait seulement qu’ils se plaignaient du froid ) et de comprendre les raisons de leur venue 206 .

Comme pour les voyages, les avantages de ces accueils sont évidents : témoignages directs sur les pays du Sud, contacts avec d’autres mentalités et d’autres cultures, création de liens d’amitié entre jeunes de continents différents... Un extrait du journal du lycée du Granier, pendant l’année 2000-2001, en évoque bien les effets positifs vus par les élèves…

‘«  Ils ( les lycéens africains ) ont été surpris par l’accueil chaleureux que les Français leur ont offert. En effet, ils avaient une toute autre vision des Européens. Ils ont été étonnés du climat froid et ont été ravis de voir la neige pour la première fois…Certains sont très attachés aux traditions africaines, d’autres se tournent vers la culture occidentale. Nous avons aussi parlé de l’émancipation des femmes et de la polygamie qui a été source d’un grand débat même entre les Africains. Ils ont été choqués par notre comportement vis à vis des personnes âgées : chez eux, ce sont des personnes sacrées. D’après un de nos correspondants : « un grand père est une bibliothèque humaine. Lorsqu’il meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. » …Cela a été une grande découverte culturelle qui a changé notre image de la vie en Afrique Noire. »’

Même si des échanges dans les deux sens sont légitimes, accueillir des jeunes du Tiers Monde pose aussi des problèmes. Aller en Europe est le vœu de presque tous les jeunes africains. En plus, comme on essaie de les accueillir le mieux possible ( ce sont le plus souvent des familles relativement aisées qui acceptent de les héberger ) et de leur organiser un séjour enrichissant et agréable aussi, on risque de leur donner une vision idyllique des sociétés européennes. Le retour est parfois difficile pour les jeunes qui ne peuvent pas toujours prendre des distances. On leur fait connaître des réalités qui ne sont pas forcément transposables chez eux et on leur donne peut-être le désir de copier un modèle qui ne convient pas à leur pays. C’est une inquiétude que partagent certains enseignants engagés dans ces échanges. C’est la raison pour laquelle, ils veulent éviter de montrer, de notre société, seulement « une belle vitrine ».

Notes
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Source : archives de Grenoble.