C ) LA MARGINALITE DE L’AFRIQUE ET DE L’EDUCATION AU DEVELOPPEMENT DANS L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET LA RECHERCHE

Dans un ouvrage publié en 2000, F.Mayor et S.Tanguiane essaient de montrer quel rôle l’enseignement supérieur, partout dans le monde, doit jouer dans la défense des droits de l’Homme, de la justice, de la paix, du développement durable et, en général, dans la transmission des valeurs fondamentales 207 . L’enseignement supérieur est, en effet, un maillon important dans la pénétration de l’Afrique et de l’éducation au développement parce qu’en amont il forme les maîtres qui l’assureront dans les écoles, et dont l’influence peut contribuer à changer les mentalités et à faire progresser, dans toutes les couches de la société, la compréhension internationale. Il est important aussi parce qu’il forme les cadres qui seront « aux commandes » pour les relations avec l’étranger et à qui il faudrait donner les moyens et l’envie de créer des relations enrichissantes avec les pays du Sud. Il abrite aussi la recherche qui lui est indissociable et peut jouer un rôle primordial, à la fois dans la connaissance de l’Afrique et dans l’efficacité de l’éducation au développement.

Or l’enseignement supérieur semble avoir toujours été « un maillon faible », aussi bien au niveau de la formation que de la recherche, et certains enseignants lui attribuent même une très grande responsabilité dans la faible présence de l’éducation au développement dans le système éducatif. L’enseignement supérieur a du faire, dans la deuxième moitié du XX° siècle, un effort considérable pour s’adapter à de nouvelles conditions : élargissement social du recrutement, nécessité de s’orienter de plus en plus vers la professionnalisation, perspectives internationales. Pour y faire face, il a multiplié les centres universitaires et les écoles supérieures, diversifié les filières professionnelles, noué des relations avec le monde du travail, développer, plus récemment, les échanges internationaux. Mais on constate que, jamais, les relations Nord-Sud n’ont été une préoccupation importante. L’enseignement supérieur a mal préparé des générations successives à les prendre en charge : beaucoup d’étudiants sont sortis des universités ou des écoles supérieures sans bien connaître les problèmes que la mondialisation oblige à affronter. Les centres de formation n’ont pas assez joué leur rôle non plus : comment des générations de maîtres mal préparées à l’éducation au développement auraient-ils pu la pratiquer dans les écoles et en faire un de leurs objectifs primordiaux. L’enseignement supérieur n’a pas été soutenu non plus par la recherche. Les enseignants n’ont pas pu s’appuyer sur elle et mener avec elle les expériences indispensables.

Notes
207.

F.MAYOR et S.TANGUIANE, L’enseignement supérieur au XXI° siècle, Ed. Hermes-Sciences, 2000.