Par ailleurs, une place faible du Tiers Monde dans les préoccupations des universités

Les engagements politiques n’ont pas eu beaucoup d’effets sur les contenus des enseignements universitaires. La lecture du B.O. montre que de temps en temps leMinistère se préoccupe de la sensibilisation au Tiers Monde dans l’enseignement supérieur mais les incitations sont plus rares que pour les autres ordres d’enseignement : une circulaire de 1972 est consacrée aux activités internationales dans les universités et à l’accueil des étudiants étrangers mais elle parle surtout d’organisation matérielle et de financement. En 1974, le chef du service des affaires internationales rappelle le décret de 1972 et insiste sur l’intérêt des échanges de documents, de publications, de matériel pédagogique et aussi d’étudiants et de chercheurs. Mais à aucun moment il n’est particulièrement question du Tiers Monde.

Dans les années 60 et 70, il existe peu de traces du Tiers Monde dans les programmes des établissements universitaires de l’Académie et des classes préparatoires. Si le Tiers Monde apparaît plus nettement dans certaines formations ( géographie, économie, sciences politiques ), on ne sent pas un vrai souci de sensibilisation. Les archives de Grenoble font état de quelques mémoires, notamment à l’IEP. Ils n’abordent pas les problèmes généraux du développement ou les cultures africaines mais traitent plutôt de quelques aspects du développement économique d’une région et sont, dans la quasi totalité des cas, l’œuvre d’un étudiant originaire de cette région. Une thèse, en 1971, sur « les structures et l’imaginaire dans le conte togolais » reste une exception. Il n’y a pas non plus de véritables contacts entre universitaires et chercheurs français et africains. Les échanges sont le plus souvent linguistiques, donc avec des pays européens ou avec l’Amérique du Nord. Un ouvrage, paru en 2002, fait état de « relents de néo-colonialisme » qui auraient « empoisonné » longtemps les relations entre enseignants et chercheurs français et africains 215 . L’Université de Grenoble semble en retard. Ailleurs quelques initiatives vont plus loin. A Paris par exemple, à la même époque, il existe une unité d’enseignement et de recherche sur le Tiers Monde, rattachée à Sciences Po.

Les archives ne mentionnent pas non plus d’actions humanitaires destinées à sauver les populations victimes de la faim, au moment où la guerre du Biafra suscite une intense émotion, par exemple. L’AGEG a quelques activités internationales mais pas de contacts avec le Tiers Monde et peu avec les associations d’étudiants africains. En 1965, les archives de l’Isère signalent un club UNESCO étudiant sur lequel elles ne donnent presque aucune information.

Notes
215.

Les étudiants africains en France ( 1951-2001 ), compte-rendu d’une table ronde sous la direction de M.Sot.