L’Afrique…toujours le parent pauvre des échanges internationaux

Au niveau des intentions, les relations Nord-Sud paraissent être une préoccupation de l’enseignement supérieur. Leur intérêt est évoqué relativement souvent et les établissements universitaires sont attachés à la diversification des partenaires. L’A.U.F. 219 rappelle que « les déséquilibres Nord-Sud sont criants dans tous les domaines », que « la coopération entre partenaires est fondamentale », que « le développement durable et solidaire » est une nécessité 220 . Mais l’étude des réalités montre que cet investissement dans les échanges internationaux concerne essentiellement les pays européens et l’Amérique du Nord. L’Université resserre les liens qu’elle entretient traditionnellement, par exemple avec l’Italie pour l’université de Savoie. Plus récemment les échanges se sont accrus avec les pays d’Europe de l’Est et certains pays émergents d’Asie dont le Viet Nam, qui est très demandeur de ces relations.

Mais les pays africains sont très marginalisés comme le prouvent les statistiques pour la même université de Savoie. Et parmi eux, la priorité va aux pays du Maghreb.

TABLEAU N° 22 : Les conventions de partenariat entre l’Université de Savoie et des établissements d’enseignement supérieur et de recherche de 82 pays ( 2003 )

L’Université P.Mendès-France de Grenoble signale la mobilité croissante de ses étudiants et publie des chiffres sur les origines et les destinations de cette mobilité pour 1998-99 : l’Afrique est la seule zone qui ne soit pas mentionnée dans un tableau qui figure sur son site Internet. D’autres documents vont dans le même sens : l’INRP a publié en 1993, sur les activités des universités J.Fourier et P. Mendès-France, des rapports d’évaluation qui ne parlent pratiquement pas de relations avec les pays en développement, à l’exception de l’UFR de Pharmacie, qui a des contacts avec la Tunisie, le Mali et le Brésil. L’Université Stendhal a signé deux conventions inter universitaires avec l’Afrique ( Cameroun et Egypte ) pour 18 avec l’Amérique, 7 avec le Japon, 87 avec des pays européens. L’INPG, dans la présentation de sa politique internationale, ne cite pas l’Afrique. Il entretient quand même avec elle quelques relations, notamment avec le Maghreb, la Côte d’Ivoire, Madagascar, le Sénégal mais elles doivent lui paraître très secondaires à côté des autres partenariats. Le numéro des Echos de l’Académie, déjà cité permet de constater aussi la place faible de l’Afrique dans l’enseignement supérieur 221 .

En effet, pour des raisons matérielles, ce n’est pas en Afrique que se développe une recherche de pointe. La professionnalisation des études supérieures fait aussi qu’on privilégie l’utile. Or les difficultés des P.E.D. n’en font pas des partenaires économiques « intéressants ». Quel serait alors l’avantage d’inclure dans la formation des cadres une connaissance approfondie du continent africain ? En 1999, un enseignant d’une école de commerce de l’Académie regrettait que l’Afrique ait si peu de place dans les programmes et dans les cours d’économie et de marketing mais il reconnaissait qu’il était plus rentable, pour l’avenir des élèves, qu’ils étudient l’Amérique du Nord ou l’Asie, parce que ce sont des zones «  à fort potentiel économique », auxquels les futurs commerciaux auront à faire au cours de leur vie professionnelle. Les étudiants sont également plus tentés par des stages en Amérique du Nord parce qu’ils y voient la possibilité d’apprendre l’anglais, langue incontournable des relations internationales et de se perfectionner avec du matériel et des méthodes de pointe. La situation semble être en train d’évoluer depuis le milieu des années 90. Plusieurs témoignages constatent un accroissement de l’intérêt des étudiants pour les pays du Sud et des initiatives de l’institution 222 .

Notes
219.

A.U.F. : Agence universitaire de la francophonie.

220.

Source : site Internet de l’A.U.F « www.auf.org/ ».

221.

Cf. ANNEXE 5 , 3° partie.

222.

Voir aussi 4° partie : Bilan et perspectives.