Les principales formes de la présence de l’Afrique dans l’enseignement supérieur

Les relations Nord-Sud, l’Afrique continuent à être des thèmes secondaires dans l’enseignement supérieur. Ils ont été peu traités à toutes les époques. Ils apparaissent dans le contenu des cours et conférences, dans certaines disciplines comme la Géographie, l’économie, les Sciences politiques. Une UV de Géographie, intitulée « Tiers Monde » existait à Grenoble dans les années 80. A l’IEP, ces thèmes figuraient dans des conférences ou des options dans les années 90, par exemple « La décolonisation de l’Etat en Afrique Noire » ou « L’ordre humanitaire international ». Le Tiers Monde apparaît également dans certaines formations d’ingénieurs surtout quand il est question des problèmes de l’eau. Le développement durable occupe une partie du programme à l’ESIGEC, une école d’ingénieurs à Chambéry. Mais il ne faut pas surévaluer ce changement : quand des écoles de commerce s’ouvrent sur la Chine, cela relève plus de la logique d’entreprise et des nécessités du marketing que de l’éducation au développement. Dans d’autres disciplines aussi comme les Lettres ou l’Histoire, l’Afrique aurait sa place. L’université de Savoie compte parmi ses enseignants un spécialiste de la littérature africaine mais il a été nommé sur une chaire de littérature comparée et non comme africaniste. Il fait travailler quelques uns de ses étudiants de maîtrise sur les sociétés africaines mais il reconnaît lui même que dans l’enseignement supérieur, l’étude des cultures africaines ne progresse pratiquement pas. L’importance qui est donnée à ce thème dépend beaucoup de l’enseignant lui-même, comme nous l’avons constaté aux autres niveaux du système éducatif. Les thèses sur l’Afrique sont assez rares : une dizaine, portant sur des thèmes économiques ont pu être retrouvées entre 1998 et 2003 à l’université P.Mendès-France 223 . L’université d’Aix-Marseille est la seule, en France, qui ait mis en place avec d’autres universités européennes un 3° cycle sur l’aide humanitaire internationale.

Dans l’ensemble, l’enseignement supérieur ne prend pas suffisamment en compte les projets d’étudiants qui désireraient contribuer à la solidarité internationale à un moment de leur vie, ou en faire même leur profession, donc se former en conséquence mais aussi pouvoir se réinsérer au retour. L’université de Lyon a organisé une rencontre sur ce thème entre étudiants, professeurs et responsables d'ONG. Dans l’académie de Grenoble, les filières consacrées au développement du Sud et aux relations Nord-Sud et permettant de former des spécialistes capables de travailler dans des organismes de développement, sont très peu nombreuses. L’Université P.Mendès France à Grenoble, propose un DEA d’Economie du développement. A la rentrée 2003 le département L.E.A. de l’université de Savoie a crée un master « Analyse de crise et action humanitaire ». Cinq étudiants y étaient inscrits en 2003-04.

TABLEAU N° 23 : Présentation du master « Analyse de crise et action humanitaire » ( Université de Savoie )

Les échanges universitaires avec l’Afrique sont limités.Quel que soit le type de relations entretenues par les établissements universitaires de l’académie, les établissements africains n’y figurent pas en grand nombre. En outre ces partenariats sont souvent liés à l’impulsion d’un enseignant et difficiles à pérenniser. Mais il semble qu’ils se multiplient depuis les années 90 et qu’ils fassent l’objet de conventions multilatérales ou bilatérales plus précises : les relations internationales se structurent.

Ils peuvent prendre plusieurs formes. Il existe quelques contacts entre enseignants-chercheurs. Une des écoles d’ingénieurs faisant partie de l’INPG entretient des relations avec l’Ecole polytechnique de Tunis. Des chercheurs africains viennent parfois y préparer une thèse : ils ne repartent pas toujours, malgré l’intérêt de leur formation pour l’Afrique. L’Université de Savoie a mis sur pied en 1998 un partenariat avec le Tchad : des professeurs de l’université sont allées à N’Djamena faire des cours de civilisation française. L’ESIGEC de Chambéry échangent parfois ses enseignants avec ceux du Bénin qui peuvent poursuivre des recherches impossibles chez eux à cause du manque de matériel. Les enseignants français vont mettre sur pied des formations au Bénin car les africains souhaiteraient former leurs cadres sur place. Le Centre historique et juridique des droits de l’Homme, dépendant de l’université P.Mendès-France de Grenoble, collabore avec l’Institut des droits de l’Homme de Dakar. Mais les rencontres et les colloques sont rares dans l’ensemble et les programmes communs de recherche, exceptionnels : l’Afrique ne fait généralement pas partie des réseaux de recherche internationaux. En juillet 2002, le colloque Isola a été organisé par l’université de Savoie, sur le thème de « L’oralité de l’Afrique ». Sur une centaine de participants, venant de 26 pays, ­ 16 étaient africains.

Il y a également des échanges d’étudiants. Les étudiants africains sont relativement nombreux à venir poursuivre leurs études dans l’académie de Grenoble. En 1987, ils étaient presque le double des étudiants étrangers d’origine européenne pour les deux universités de Grenoble et de Savoie. Ils viennent en général pour une année scolaire au moins. Mais ils se heurtent de plus en plus à des difficultés matérielles : des bourses insuffisantes et versées irrégulièrement, des visas difficiles à obtenir. Ils ont tendance à venir tardivement dans leurs études, souvent pour des spécialisations ou des doctorats. L’ESIGEC se félicite de leur niveau théorique mais souligne le manque d’expérience. En 2002, l’exemple de l’université P.Mendès-France montre que, même s’ils sont moins nombreux en pourcentage, ils continuent cependant à venir faire ou terminer des études dans la région 224 .

TABLEAU N° 24 : Répartition par aires géographiques d’origine des étudiants de nationalité étrangère de l’université P.Mendès-France ( 2002 )

Il faudrait y ajouter « les formations à distance » : des diplômes universitaires de Grenoble peuvent être acquis par correspondance, grâce à l’usage d’Internet, par l’établissement de centres délocalisés de préparation ( Il y en a dans les universités d’Abidjan, de Rabat et de Casablanca ).

Les stages d’étudiants français en Afrique sont rares et plus limités dans le temps. A l’E.S.C. de Chambéry 225 , à la fin des années 90, 1 à 2% des élèves partaient en Afrique subsaharienne : un stage de six mois chez ELF-Dakar, deux stages dans une petite entreprise d’informatique d’Abidjan, à la demande du PDG, un ivoirien qui avait donné quelques cours dans cette école quand il terminait une thèse à Grenoble, un stage en Mauritanie. Dans une école d’ingénieurs de Grenoble, sur 150 élèves, en 2001, 2 devaient faire des stages en Afrique et étaient déjà des « militants tiers-mondistes ». En effet beaucoup d’étudiants pensent que des stages en Afrique sont moins formateurs que dans des pays plus développés : ils cherchent des pays économiquement intéressants. En outre beaucoup de sociétés françaises sont moins engagées sur ce continent qu’il y a vingt ans donc les possibilités de trouver un stage et d’être recrutés par la suite sont moindres. La validation de ces séjours dans le cursus universitaire n’est pas automatique dans toutes les formations. Quelques responsables des services des relations internationales signalent aussi la frilosité de certains étudiants qui ne veulent pas de « prise de risques ». Ils souhaiteraient un « séjour clés en mains » ( certains attendent de l’université qu’elle leur retiennent les billets d’avion ), dans un pays politiquement stable et rassurant sur le plan de la santé. L’Afrique ne répond pas à ces critères donc elle a peu d’intérêt pour certains ( pour beaucoup ? ). Mais même si, parmi ceux qui partent, un certain nombre cherche d’abord une occasion d’acquérir de l’expérience ( et de remplir plus tard leur « curriculum vitae » ), beaucoup reviennent émerveillés et bouleversés à la fois, avec le sentiment d’avoir découvert un autre monde et d’avoir fait une expérience importante dans leur cheminement personnel. Cela leur a permis d’approfondir leur réflexion sur le développement et les relations entre les hommes et pour quelques uns, cela a orienté leur vie professionnelle ou personnelle.

Ces stages en Afrique peuvent cependant se multiplier si d’autres conditions interviennent. Cela peut être l’impulsion d’enseignants qui les organisent sur place. Un enseignant d’hydrologie, en 1988 et 89 à Grenoble, a emmené des étudiants au Sénégal. Ils ont fait un rapport sur la contamination de l’eau par les déchets et amorcé quelques réalisations, pour évacuer les eaux usées. Un professeur de géographie de l’IGA 226 et ses étudiants ont mis sur pied un partenariat avec le Mali. Mais il ne s’agit pas de relations vraiment institutionnalisées. L’impulsion peut venir aussi de la présence d’une action de coopération décentralisée menée par une municipalité ou un Conseil général. L’association Chambéry-Ouahigouya qui agit au Burkina Faso propose de nombreux stages, et depuis plus de dix ans, à des étudiants savoyards. Chaque année des élèves de l’école d’infirmières vont à Ouahigouya faire des enquêtes, qui permettent de mieux cibler les besoins en matière de santé publique et qui orientent la politique de coopération de la ville par la suite. Cela a entraîné, dans l’école, la création d’un module sur l’Afrique, intégré dans les études. Dans la même zone, des élèves-ingénieurs de l’ESIGEC ont fait, en 1994, une étude sur la fiabilité d’un barrage, et, en 1998, sur la gestion de l’eau et l’environnement. En novembre 2003, des étudiants de l’E.S.C. ont réalisé, auprès de l’hôpital de Ouahigouya, une enquête sur la formation et les conditions de travail du personnel, et sur la satisfaction des patients. Avec la municipalité de Ouahigouya, ils ont travaillé aussi sur un programme de promotion de la ville ( un plan-guide de Ouahigouya et un projet de valorisation culturelle ont été entrepris ).

Il faudrait citer aussi le cas d’étudiants qui font des stages dans des associations humanitaires et leur consacrent des mémoires. Resacoop, à Lyon, collabore avec l’IGA de Grenoble et accueille des étudiants. « Artisans du Monde », à Chambéry, a fait l’objet d’un mémoire de maîtrise.

L’action humanitaire existe dans l’enseignement supérieur mais elle est peuimportante. Dans l’ensemble, les étudiants paraissent peu concernés. Selon leurs camarades plus motivés, ils pensent d’abord à leurs études. Un ancien, leur reproche même de défendre des « grandes théories » mais de ne pas s’engager beaucoup. Une enquête nationale 227 montre qu’ils semblent prêts à participer à des actions collectives sur leurs principales préoccupations : les inégalités ici, les problèmes de formation, les droits de l’Homme, l’environnement. L’action humanitaire vient loin derrière. 43% des étudiants déclarent faire partie d’une association ou d’un club et pour 6% d’entre eux, c’est une association humanitaire ou religieuse, pas forcément engagée dans les rapports Nord-Sud. Dans les années 80, à Grenoble, il n’existait apparemment pas, à l’Université, de groupes de solidarité à l’égard du Tiers Monde mais quelques étudiants travaillaient dans d’autres associations. Il est difficile aussi de savoir si les jeunes ont plus ou moins envie de partir dans le Tiers Monde maintenant qu’avant. Les associations sont souvent sollicitées mais dans la demande, quelle est la part du tourisme et celle de l’engagement ? En ce qui concerne les étudiants, la demande et les objectifs ont évolué. Les jeunes qui souhaitent partir en Afrique ne sont plus tout à fait les mêmes qu’il y a quelques années. Ils partent d’abord plus tard, parce qu’on a beaucoup insisté sur la nécessité de posséder des compétences pour aider valablement. Et ils sont aussi en quête d’expériences et de savoirs-faire. L’action humanitaire les interpelle surtout quand ils peuvent mêler la solidarité à la valorisation de leurs compétences et à l’acquisition d’une expérience du terrain. Elle a donc tendance à se confondre avec la formation.

Les étudiants originaires d’Afrique ne sont pas très engagés non plus. Ils participent assez rarement à une action humanitaire, ne font pas de démarches en direction des associations et ne reprennent pas souvent contact quand ils sont sollicités. Les enseignants, qui pendant longtemps ont participé à l’alphabétisation des travailleurs immigrés regrettaient leur absence. Cela s’explique sans doute par le fait qu’ils ne se sentent pas dans leur élément en France, au point de pouvoir y prendre des engagements, que, quand ils s’engagent, c’est plutôt dans les luttes politiques. Issus le plus souvent de milieux relativement favorisés, ils ne se sentent pas forcément d’affinités avec les populations pauvres de leur pays.

Il semble cependant que le monde étudiant, actuellement, prenne davantage en compte les problèmes du Sud et la solidarité. L’évolution actuelle du mouvement humanitaire et de ses objectifs et pratiques ( le commerce équitable par exemple ) leur parle sans doute plus. Ils y sont encouragés par le Ministère qui a crée en 2001 « la semaine de la coopération internationale à l’université ». Les grands thèmes recommandés par le Ministère sont le droit à l’éducation pour tous, le développement durable, le respect de la diversité culturelle. Chaque année, une université ou un regroupement d’universités accueillent ces manifestations en choisissant pour partenaire l’aire avec laquelle ils ont le plus d’échanges. En 2001, cela a été Bordeaux en collaboration avec l’Afrique subsaharienne, en 2002, plusieurs académies du Sud de la France avec les pays arabes méditerranéens…En 2001, le Ministère a crée un bureau de la vie étudiante dans chaque université, pour développer l’engagement associatif et les initiatives étudiantes 228 . Cet organisme doit favoriser, en particulier, « le volontariat étudiant de solidarité ». Ces engagements des étudiants peuvent être encouragés par « un fonds de solidarité et de développement des initiatives étudiantes » et être validés dans le cursus universitaire sous la forme de mémoires, de mention sur le diplôme.

Quelques exemples d’actions de solidarité : Elles sont quelquefois incluses dans les cursus universitaires, mais, le plus souvent, à l’initiative d’étudiants, en dehors des cadres institutionnels.

Une des plus anciennes sans doute a été l’œuvre d’un groupe d’étudiants d’Annecy, qui a crée un journal éphémère autour de la pensée de V.Cosmao, M.L.King, Don Helder Camara et organisé des manifestations, à l’occasion de la journée des Lépreux, contre le racisme, avec des interventions en milieu scolaire et des envois de colis dans le Tiers Monde. A Grenoble, une association « UNESCO Sup » a pris en charge, en 1996, une action au Rwanda. Les actions de solidarité doublées d’un aspect sportif plaisent souvent beaucoup aux jeunes adultes : en 1989, quelques étudiants savoyards ont participé au 3° raid africain des grandes écoles, ils ont parcouru 10.000 kms jusqu’au Burkina Faso et participé à des missions humanitaires pendant un mois. Sponsorisés par des entreprises savoyardes, ils ont laissé sur place une voiture pour « Médecins sans frontières ».

Depuis le début des années 90, il existe une association humanitaire des étudiants en médecine de Grenoble ( A.H.E.M.G. ). Elle a réussi à mobiliser un nombre relativement important d’étudiants : par exemple, en 1998, sur une promotion de 88, 15 travaillaient dans l’association. Elle menait de front plusieurs projets et a agi dans différents pays ( Népal, Viet Nam…). Ses activités consistaient a rassembler du matériel médical et des médicaments pour des dispensaires de villages, des hôpitaux ou des maternités. Des étudiants convoyaient ce matériel sur place, dans des conditions souvent difficiles et profitaient de leur séjour, quand ils étaient assez avancés dans leurs études, pour soigner les malades. Cette association a joui d’un certain rayonnement, puisque des étudiants d’autres filières participaient à ses travaux 229 .

  Les étudiants des écoles d’ingénieurs de l’Académie, quand ils s’engagent dans une action avec le Sud, le font généralement dans le cadre de l’association « Ingénieurs sans frontières » ( ISF ). Les projets portent souvent sur la gestion de l’eau, de l’environnement et sur les problèmes de santé qui en découlent. C’est le cas d’étudiants de l’INPG de Grenoble qui agissent au Sénégal et au Cameroun. Quelques uns de l’ESIGEC de Chambéry ont crée, en 1996, un « club Ouahigouya » qui participait aux activités nées du jumelage entre les deux villes de Chambéry et Ouahigouya ( Burkina Faso ). En 2001, le club devient une section locale de ISF, indépendante de l’Ecole, mais dont les actions peuvent être validées comme « module ». ISF Chambéry a pour objectif « d’intensifier les échanges culturels, sociaux et humains entre les pays du Nord et du Sud ». Un projet Nord concerne donc l’éducation au développement. Il s’agit de « sensibiliser les populations des pays développés sur les problèmes des pays pauvres et les risques grandissants de déséquilibre » et de provoquer une rencontre culturelle. ISF a participé à beaucoup de manifestations, notamment dans le cadre du « commerce équitable ». Le projet Sud concerne l’action humanitaire. ISF / Chambéry intervient à la demande de l’Association des ressortissants de Djéol vivant en France ( Djéol est un village mauritanien ), pour une adduction d’eau. Les étudiants sont chargés de réaliser les études de faisabilité et de proposer un avant-projet. L’association des ressortissants de Djéol s’occupera ensuite des demandes de financement. L’ISF / Chambéry participe aussi à des actions au Burkina Faso. Elle essaie de nouer des relations avec le maximum de partenaires ici : d’autres associations qui peuvent apporter leur expérience et leur savoir-faire et le secteur privé, un soutien technique et financier. Elle cherche à impliquer tous les enseignants de l’Ecole et s’ouvrir au maximum à tous ceux qui souhaitent faire quelque chose. Mais elle ne comptait que 14 membres en 2003, presque tous élèves-ingénieurs de l’ESIGEC 230 .

L’association « Etudiants et développement » a été créée, en 1994, à Paris par des groupes comme « Ingénieurs sans frontières » et « Medicis Mundi », et a eu des ramifications à Grenoble. Elle témoigne d’un renouveau de mobilisation du milieu étudiant. Elle souhaite aller au delà de l’humanitaire et réfléchir en termes politiques. Elle s’inspire de l’action de F.X.Vershaeve et des courants de l’ altermondialisation. Son objectif est l’éducation au développement : « sensibiliser le monde étudiant aux questions de développement, aux relations Nord-Sud et à la solidarité internationale ». Elle se propose donc d’organiser une information et une formation auprès des étudiants, en collaboration avec quelques O.N.G. : week-ends de formation, publication d’un journal, élaboration de modules optionnels proposés aux établissements d’enseignement supérieur, soutien aux associations étudiantes désireuses de monter des actions de sensibilisation aux questions de solidarité internationale. Elle soutient également quelques actions comme celle de « Survie » présidée par F.X.Vershaeve, contre les activités du groupe Bolloré en Afrique. Au moment du procès intenté par trois présidents africains à F.X.Vershaeve et à son éditeur, elle a participé à des manifestations dans beaucoup de villes, notamment à Grenoble et Valence ( le 24 / 02 / 01 ).

Il est difficile de savoir quelle a été l’efficacité de ces actions. Certains projets ne paraissent pas toujours fournir des garanties suffisantes. Des associations s’inquiètent : « L’Afrique ne doit pas être un terrain d’expérimentation pour les étudiants ». ISF a été accusée parfois d’envoyer travailler dans un milieu qu’ils ne connaissaient pas, des jeunes sans expérience et forts de leurs certitudes techniques. Un enseignant d’une classe de préparation à HEC témoigne que certains de ses élèves, qui identifient bien les problèmes, ont déjà des solutions toutes faites avant de se lancer dans une action. Ils ont parfois tendance à se prendre pour des « experts », cherchent l’efficacité avant tout et ne se posent pas trop de questions sur l’environnement culturel local. Il semble que ces remarques, souvent dures, aient poussé certains groupes d’étudiants à mieux réfléchir aux conséquences de leurs actions. ISF / Chambéry laisse dorénavant la conception des projets aux spécialistes et s’occupe seulement du suivi. Au cours d’un entretien, un étudiant a d’ailleurs déclaré : « Il y a aussi beaucoup de choses à faire ici ». Mais ces actions n’évitent pas toujours les dérives. Cela rend d’autant plus nécessaire une éducation au développement bien intégrée dans la formation mais cela signifie aussi, en amont, de former les maîtres qui la dispenseront.

Notes
223.

D’après C.Liauzu, les thèses sur ce thème représenteraient en France 4,5% du total.

224.

Cf. TABLEAU N° 24.

225.

E.S.C. : Ecole supérieure de commerce.

226.

I.G.A. = Institut de Géographie alpine de Grenoble.

227.

O.Galland et M.Oberti : Les étudiants, Ed. La découverte, 1996.

228.

Circulaire du 29 / 8 / 2001.

229.

Témoignage d’une participante.

230.

Rencontres avec des élèves ingénieurs et des membres du personnel et www.esigec.univ-savoie.fr