La formation à l’international : quels besoins ? quel contenu ?

  • Avant 1970-75 : une formation embryonnaire

La formation continue n’existe pas en dehors de l’enseignement primaire où elle est réduite à quelques journées pédagogiques. Dans l’enseignement secondaire, au début des années 70, un Inspecteur pédagogique régional répondit à des enseignants qui lui exprimaient le besoin d’une formation continue : « Lire un bon livre, dans le calme de son bureau…on ne peut pas espérer une meilleure formation ». Il en résumait bien la seule forme à laquelle les enseignants du Secondaire avaient accès à cette époque. La formation initiale est plus poussée dans les Ecoles Normales d’instituteurs mais elle se limite pour les futurs professeurs, à l’acquisition de connaissances dans les Universités et à trois semaines

de stage pour les futurs agrégés. Les certifiés sont plus favorisés et bénéficient d’une année de stage avec trois conseillers pédagogiques différents. Mais quels que soient les types de formation ou les ordres d’enseignement, la formation à la compréhension internationalen’a pas vraiment de place.

Pour la formation initiale, sur le thème de l’Afrique et du « sous-développement », les renseignements fournis par le B.O. et les archives de l’académie de Grenoble sont éloquents. Les programmes des concours d’entrée dans les Ecoles Normales et les Ecoles Normales Supérieures et de l’Agrégation, comportent rarement une étude de ce que nous appelons maintenant « le Sud ». En histoire, la colonisation apparaît certaines années. Quand l’Afrique est au programme de géographie, il s’agit d’une étude régionale, on ne pose pas le problème général des inégalités de développement. On peut donc théoriquement entrer dans l’enseignement sans être au courant de son existence. En Littérature, les œuvres d’auteurs francophones sont absentes des concours. Dans les Ecoles Normales d’instituteurs, les thèmes de conférences ne portent jamais sur l’ouverture sur l’International, les jeunes instituteurs paraissent avoir d’autres priorités ( comment enseigner l’orthographe, le calcul, l’hygiène, le travail de Secrétaire de Mairie …). Avec la mise en place de la nouvelle politique de coopération, la situation évolue un peu. Les questions au programme des concours d’enseignement paraissent un peu plus nombreuses sur ces thèmes, en histoire et géographie. Outre quelques études de pays du Tiers Monde, des questions plus générales sont traitées : « Les pays tropicaux », « les déserts »…Mais le libellé des programmes des concours renvoie toujours à la France. Une question intitulée au départ l’Afrique Noire ( Agrégation d’Histoire-Géographie ) devient au moment de la publication officielle, « La France et l’Afrique Noire ». Cela paraît encore impensable qu’on puisse l’étudier du côté africain. En Lettres, la littérature francophone d’Afrique est toujours la grande absente.

La formation continue, dans l’enseignement secondaire, relève des universités. Quelques-unes en proposent pour les enseignants, mais, à cette époque, on la concevait toujours en terme d’apports de connaissances. Un exemple révélateur : en 1975, l’Université de Grenoble ( le département d’Histoire et l’institut de géographie alpine ) organise une journée de formation continue sur l’Afrique Noire pour les enseignants du Secondaire. La journée est très bien préparée par l’envoi préalable d’une documentation ( plans de quelques interventions d’universitaires, tableaux, textes, bibliographies ). Elle est très complète et prend en compte tous les aspects économiques, sociaux, culturels. Les enseignants ont été, dans l’ensemble, très satisfaits d’avoir pu améliorer leurs connaissances sur des questions souvent très mal connues et d’avoir retrouvé, même brièvement, les cours de haut niveau qu’ils avaient pu suivre pendant leurs études. Mais, avec le recul, cette formation paraît inadaptée aux besoins : on étudie , avec beaucoup de précision, une ville du Dahomey, comme exemple d’urbanisme en Afrique Occidentale mais il n’y a pas de vraie réflexion sur le sous-développement » et à plus forte raison sur la manière d’y sensibiliser les élèves. En 1974, une émission de TV du Centre de recherche d’Histoire économique et sociale de Grenoble traite du sous-développement depuis 1945. Pour l’enseignement primaire, le thème de l’Afrique et du sous développement est totalement absent des programmes des journées pédagogiques.