CONCLUSION

Depuis les années 60 surtout, les efforts conjugués de l’institution, d’une partie du personnel, des associations et collectivités territoriales ont permis de faire pénétrer l’Afrique et l’éducation au développement dans les écoles.

Le parcours, sur plusieurs décennies, que nous venons de réaliser dans l’intimité des établissements scolaires de tous niveaux, fait apparaître une grande diversité : diversité des cadres de travail, diversité des contenus, diversité dans l’importance de l’investissement selon les individus, les établissements, les périodes. Il a permis de mettre en lumière le dynamisme et la créativité d’une minorité d’enseignants et d’élèves très motivés, qui ont travaillé avec enthousiasme et souvent réussi à faire de leurs actions, des moments forts dans la vie de leur établissement. Il fait aussi la preuve d’une grande capacité d’évolution. Parallèlement à l’évolution du « Tiers Mondisme », la conception de l’éducation au développement s’est modifiée . Même si la dimension caritative persiste, elle a permis aussi une réflexion sur les déséquilibres du monde et sur leurs origines, sur l’interdépendance qui nous lie aux pays du Sud et sur la nécessité d’un véritable partenariat.

L’éducation au développement présente aussi, pour la formation des jeunes, un intérêt qui dépasse les limites de son contenu : elle a participé, à sa manière, aux mutations du système éducatif. Elle a permis d’ouvrir les établissements sur l’extérieur en y faisant pénétrer les problèmes mondiaux, en cherchant des collaborations auprès des associations humanitaires ou des collectivités locales et aussi auprès de représentants du Tiers monde. Par sa spécificité, parce que ce n’est pas une « matière » qu’on peut enseigner comme les autres, elle a contribué également à diffuser des méthodes pédagogiques novatrices.

Mais l’étude de l’éducation au développement laisse aussi sur l’impression d’une insuffisance de mobilisation, pendant toutes ces années. Depuis 50 ans, le système éducatif a du affronter beaucoup de difficultés, prendre beaucoup de décisions sur des problèmes qui lui ont paru plus urgents. L’importance de l’éducation au développement paraît très en deçà des recommandations ministérielles et surtout des besoins, quand on considère que des progrès dans la compréhension internationale sont une nécessité vitale pour l’équilibre du monde. L’éducation au développement existe mais elle ne concerne vraiment qu’une minorité d’enseignants et d’élèves, elle n’ est pas encore assez « reconnue » dans le fonctionnement de l’Ecole et elle ne reçoit pas un appui suffisant de l’institution, ni en ce qui concerne la formation, ni les conditions matérielles. Si la dimension européenne commence à bien pénétrer, ces dernières années, dans le système éducatif, il n’en va pas de même des pays du Sud.

Au tournant du siècle, il est nécessaire de faire un bilan de l’influence de l’éducation au développement sur les jeunes scolarisés et de tenter d’évaluer si les efforts qui ont été faits, ont changé leur rapport aux pays du Sud. Il faut tenter aussi de comprendre dans quel sens se fait l’évolution, si les difficultés et le découragement l’emportent sur les raisons d’espérer, si des changements de conceptions et un renouvellement des pratiques peuvent, dans l’Ecole, revivifier les relations Nord-Sud et l’éducation au développement.