D’autres enquêtes plus générales vont dans le même sens

Un sondage réalisé par l’institut L.Harris, en 1983, fait apparaître que « la faim » est la préoccupation majeure des 15-20 ans. Ils ont pris connaissance du problème par la télévision (90%) et par les journaux (64%). Même en faisant la part des difficultés à interpréter et comparer des sondages qui ne reposent pas tous sur les mêmes critères, cette sensibilité au problème de la faim semble s’émousser par la suite. Une enquête menée en 1985 dans les collèges sur l’initiative des éditions Bayard, un sondage de Phosphore en 1991, les consultations nationales des jeunes et les enquêtes de la SOFRES se recoupent. Les jeunes manifestent une certaine sensibilité aux malheurs du Tiers Monde et sont favorables aux interventions humanitaires mais il n’est pas leur centre d’intérêt principal et ils ne sont pas très prêts à s’engager eux-mêmes : ils ressentent souvent l’engagement comme contraignant. En décembre 2000, un compte-rendu d’enquête de la SOFRES titre même « Les jeunes et l’engagement : la fin des grandes causes ? » Parmi les causes les plus importantes, seule la lutte contre l’enfance maltraitée se distingue : 38 % des jeunes la citent en premier. Les « grandes causes » des années 70 et 80 viennent loin derrière : le Sida est cité en premier dans 13% des réponses et la faim dans le monde, dans 9% 254 . Quelques divergences existent cependant dans les bilans de sondages : l’un d’entre eux, réalisé en 2001 par IPSOS à la demande du journal « Le Monde », de France Inter et des éditions Milan, montre que les jeunes de 13 à 17 ans sont indifférents à la politique mais pas aux grands problèmes de notre temps : la pauvreté ici et la faim dans le monde arrivent en 2° position dans leurs préoccupations ( 85 % des réponses) après le sida ( 88% des réponses).

Ils ont aussi une vision de l’Afrique encore très stéréotypée : la pauvreté, la vieprès de la nature ( et pour les plus jeunes, les animaux ). Ils en font des analyses fondées en priorité sur le déterminisme géographique, la démographie et l’insuffisance des techniques et ils restent le plus souvent dans le registre de l’assistance. Cela s’explique en partie par l’influence des médias qui évoquent ces sujets surtout dans les cas de catastrophes alimentaires. Les images médiatiques fixent dans les esprits des jeunes des représentations auxquelles il est difficile d’apporter des nuances, ensuite. Cela s’explique aussi par le rôle que joue encore le « caritatif » dans l’action de beaucoup d’associations.

Notes
254.

Enquête de la SOFRES : Les jeunes et la citoyenneté d’aujourd’hui ( Décembre 2000 )