Le recrutement des « journalistes »

Tous les types d’établissement peuvent être concernés par la rédaction d’un journal ( lycées classiques et modernes, lycées polyvalents, lycées techniques, lycées professionnels, lycées agricoles, collèges ), mais les lycées sont de loin les plus nombreux à publier un journal alors qu’ils sont très minoritaires en nombre et effectifs. Cela tient naturellement à l’âge des élèves et à la nécessité d’une certaine maturité pour mener à bien cette entreprise. Il arrive quelquefois que plusieurs établissements se regroupent pour faire paraître un journal ( 3 collèges à Péage de Roussillon dans l’Isère, un groupe d’établissements scolaires à Aubenas… ). Il serait intéressant de pouvoir aller plus loin dans l’analyse et d’essayer de tirer des conclusions sur le rapport entre le contenu, le ton du journal et la situation économique et sociale de la zone où l’établissement est implanté. Des lycées, situés dans des quartiers où les jeunes issus de l’immigration sont nombreux, parlent-ils plus du Tiers Monde qu’un lycée classique et moderne du centre-ville par exemple. Le nombre insuffisant de journaux n’a pas permis de répondre à ces questions.

Un thème de recherche corollaire serait celui des origines sociales des « journalistes ». Sur ce point aussi, on en est réduit à des approximations. Les contacts pris avec quelques établissements donnent l’impression que l’équipe de rédaction est le plus souvent le reflet du recrutement social de l’établissement et de tout l’éventail de niveaux scolaires : il ne s’agit pas forcément d’élèves favorisés par les origines familiales, ni de « bons élèves » mais en général d’élèves qui présentent une forte personnalité, d’après le témoignage d’animateurs-adultes. C’est le cas du lycée polyvalent des Trois Sources à Bourg les Valences, dont le recrutement est très hétérogène. Il y a quand même quelques exceptions. Le lycée de Staël à St Julien en Genevois publie en 1999 et 2000 un journal intitulé Madame Germaine . Les articles d’une très bonne tenue et la part importante de la dimension internationale doivent peu aux adultes de l’établissement et beaucoup aux origines et à l’histoire familiale des rédacteurs-élèves. La plupart des jeunes appartiennent en effet à des milieux favorisés, diplomates et cadres travaillant dans les institutions internationales à Genève mais souhaitant que leurs enfants soient scolarisés en France. Les élèves qui ont participé au journal Tiers Monde  de Chambéry étaient aussi, presque tous, des jeunes issus des classes moyennes ou supérieures, des enfants d’enseignants souvent. Ils étaient aussi des élèves qui réussissaient bien dans leurs études. Cette facilité leur permettait de dégager du temps pour des activités périscolaires et ils s’épanouissaient davantage dans le travail intellectuel que la moyenne des élèves, un article n’était pas pour eux « une dissertation de plus ». Cela irait dans le sens des analyses de J.Gonnet qui constate que « beaucoup de journalistes appartiennent aux classes moyennes et supérieures » et aussi que les filles sont sans doute plus nombreuses à s’exprimer que les garçons.

Le TABLEAU n°29 veut donner un aperçu de la presse lycéenne dans l’académie de Grenoble mais il ne prétend pas être exhaustif, ni dans la liste des titres, ni dans le nombre de numéros parus et la durée de vie.