Les conditions et les limites de l’enquête ( 2002 )

Les objectifsétaient de comprendre les raisons de l’engagement des élèves et ce qu’ils attendaient du club, d’essayer d’évaluer leurs connaissances et leurs positions face au Tiers Monde et l’impact de l’éducation au développement sur leur vie ultérieure.

Deux raisons principales ont présidé au choix de ce club. La première est sa longévité Il a été crée en 1975 sur l’initiative de quelques élèves d’une classe de Seconde, ébranlés par la crise africaine et désireux de prolonger la sensibilisation amorcée pendant les cours d’histoire-géographie. Il a fonctionné sans interruption jusqu’à maintenant, avec une grande continuité parmi les animateurs. Son évolution a donc pu être suivie sur plus d’un quart de siècle. La mise à disposition des fichiers des anciens élèves ont permis d’en retrouver un certain nombre et de solliciter leurs témoignages. En outre, beaucoup, parmi les élèves, qui se sont succédé au cours de ces vingt-cinq ans, avaient déjà eu, auparavant, une expérience en collège. Les informations recueillies ont donc été particulièrement intéressantes et quelques comparaisons ont été possibles entre élèves de générations différentes. Mon expérience personnelle d’animatrice de ce club, la conservation de quelques archives, le maintien de contacts, des lettres d’ « anciens » obtenues antérieurement, ont permis d’aller un peu plus loin dans l’analyse.

Un questionnaire a été envoyé à tous les membres anciens ou actuels qui ont pu être repérés 264 . 64 noms ont été retrouvés mais 24 anciens élèves, ayant changé d’adresse, n’ont pas pu être touchés, malgré un porte à porte patient. 40 questionnaires ont été envoyés, 24 réponses sont revenues soit plus de la moitié. 2 sont anonymes. Ce sont des réponses généralement longues, détaillées, accompagnées souvent d’une lettre comportant des impressions plus personnelles, retraçant des itinéraires de vie pour les plus anciens, et témoignant du « plaisir » et de la « nostalgie » avec lesquels ils avaient accompli ce retour dans le passé. Certains ont été recontactés pour des entretiens plus approfondis.

Les 24 réponses se répartissent ainsi selon la période de fréquentation du club :

Fin des années 70 : 1

Début des années 80 : 8

Début des années 90 : 2

Milieu des années 90 : 3

Fin des années 90 : 6

Début des années 2000 : 4

Cette enquête a des limites. Elle ne prétend pas refléter, face au Tiers Monde, les positions majoritaires des jeunes scolarisés. D’abord, « la population » du lycée ne peut pas être considérée comme un échantillon parfaitement représentatif de la population scolaire globale : un lycée classique et moderne de centre-ville, sans classes techniques et comptant peu de jeunes issus de l’immigration. En outre, les élèves qui fréquentent le club Tiers Monde sont une infime minorité, au maximum 7 à 10 chaque année sont assidus. D'autres donnent « un coup de mains » à l’occasion de certaines activités. Si on élargit le calcul : 64 noms ont été retrouvés sur la période entière, nous l’avons dit ; même si on pose comme hypothèse qu’un nombre égal s’est perdu, ce qui paraît être un maximum, 120 à 130 auraient fréquenté le club en 25 ans pour un établissement qui, au cours de la même période, a compté en permanence entre 1300 et 1800 élèves. Il y a aussi ceux qui ne répondent pas : ils n’ont pas reçu le questionnaire ? Ils n’ont pas eu le temps ? ou le club ne leur a pas laissé de très bons souvenirs parce qu’ils n’y ont pas trouvé ce qu’ils cherchaient ? Les filles sont majoritaires dans ce lycée ( comme dans les établissements qui n’ont pas de classes techniques ). Mais au club, le pourcentage de filles est encore plus important que dans la population totale du lycée. Cela est corroboré par d’autres enquêtes qui signalent que les filles paraissent plus prêtes à l’engagement, sans qu’on en explique vraiment les raisons.

La majorité des élèves du Club réussissent bien dans leurs études. Ils n’ont pas de problèmes avec « l’institution » et acceptent de rester au lycée au-delà des heures de cours, pour des activités périscolaires. Le travail intellectuel ne les rebute pas en général et ils sont rapides pour la plupart, ce qui leur permet de dégager du temps pour d’autres activités. Donc sur ce plan aussi, ils ne sont pas parfaitement « représentatifs ».

Les constatations qui suivent sont donc la photographie des jeunes les plus sensibilisés et non un état des lieux concernant l’ensemble de la population scolaire, surtout depuis 1990.

Notes
264.

Cf. ANNEXE 8 : Texte du questionnaire.