Ce que le club a apporté personnellement aux élèves

Le bilan est un peu différent selon l’âge et la personnalité des participants. Mais un point commun se dégage : cet engagement, qui est le premier pour beaucoup d’entre eux, leur a énormément apporté ; « Le meilleur souvenir de mes années-lycée », « j’ai grandi grâce au club ».

Plusieurs éléments sont cités à égalité. Le club a permis d’abord une ouverture sur le monde et une approche précoce des problèmes internationaux. C’est une meilleure connaissance de l’Afrique et des autres continents du Tiers Monde, à travers leurs problèmes économiques et sociaux, leurs populations et leurs cultures. Les contacts directs avec des ressortissants des pays du Tiers monde ont laissé des souvenirs forts. C’est aussi la prise de conscience de l’interdépendance qu’implique chaque acte de la vie quotidienne ( les achats, la gestion de l’eau sont cités) et de la nécessité de la solidarité. Plusieurs ont l’impression d’avoir compris sur quoi doivent s’appuyer les relations nord-sud, un vrai partenariat où les gens se prennent en charge. C’est également l’élaboration d’une réflexion personnelle sur le monde : « cela m’a aidé à me construire en tant que citoyen », « à comprendre, qu’en allant au bout de ses engagements et ensemble, on peut faire bouger les choses ». Une réponse signale le début d’une réflexion sur le développement durable.

Pour certains, cette ouverture au monde a été facilitée par un des voyages au Burkina Faso organisés par le Collectif des clubs Tiers Monde, dont le lycée Vaugelas fait partie. Il y en a eu trois depuis 1988 ²⁶⁵ . La découverte tangible d’un continent mal connu et démuni, sur lequel circulent beaucoup de clichés, a été une grande révélation. Certains parlent d’un « choc inattendu », d’une « expérience troublante ». « J’ai eu du mal à admettre le décalage au retour ». Malgré leurs connaissances théoriques sur l’Afrique, le choc de la misère a souvent été rude, en particulier quand elle touche les enfants. L’accueil et la générosité des Africains ont été une découverte : « des gens magnifiques », « impressionnants par leur courage », avec une mention spéciale pour les femmes qui s’investissent dans des actions sociales et suscitent leur admiration. Ces voyages sont aussi l’occasion de mesurer les résultats de l’action et de se motiver pour continuer : voir les puits ou l’école, qu’ils ont contribué à construire, est une grande satisfaction. Ces voyages ont donc constitué des moments forts dans la vie des élèves. Peu d’aspects négatifs sont signalés à part le regret de manquer de maturité pour mieux comprendre les réalités africaines, de n’avoir pas réuni les participants au retour «  pour partager nos émotions ».

Le Club leur a apporté aussi l’épanouissement personnel et l’acquisition de qualités utiles au cours de la vie : sont cités, le sens de l’initiative, l’inventivité, la prise de responsabilités, le sens de l’organisation, la capacité à argumenter et à convaincre qui facilite la prise de parole, la capacité aussi à s’intégrer et à travailler en équipe, à conduire des réunions, le sens de la diplomatie dans les rapports humains, enfin le sens de l’engagement, la prise de conscience de la nécessité de la solidarité  et « l’estime de soi » dit l’un d’entre eux, quand on met en cohérence ses valeurs et ses actes ». C’est aussi « une bouffée d’oxygène » dans la vie du lycéen, qui permet de « rompre avec le quotidien du lycée ».

Tous disent aussi que leur passage au club a eu des effets importants sur leur vie ultérieure ²⁶⁶ . C’est d’abord un intérêt particulier pour tout ce qui touche l’Afrique et les cultures africaines et une vigilance toujours en alerte quand des évènements concernant l’Afrique viennent sur le devant de la scène. Pour 18 d’entre eux sur 24 ( 8 étudiants et 10 actifs ), il a été également le point de départ vers d ‘autres engagements ²⁶⁷ . C’est la participation à la vie associative en général mais où l’humanitaire et la défense des droits de l’Homme jouent un rôle important. Un témoignage insiste sur « le besoin permanent de m’investir dans une cause…cela m’est devenu indispensable ». Cela peut être aussi, une dimension Nord-Sud dans leurs activités professionnelles ou au moins le choix de métiers tournés vers le social ( mais c’est sans doute aussi parce qu’ils étaient tournés vers le social qu’ils ont fait la démarche de s’engager dans le club ). Quelques étudiants poursuivent des études préparant à des métiers de l’humanitaire. Ceux qui n’ont pas apparemment d’engagement en 2002 ( 6 sur 24 ) invoquent l’excès de travail ou une famille accaparante. Mais ils ne renoncent pas à s’engager dans des activités dès qu’ils en auront la possibilité.