Quelques difficultés et déceptions aussi

Au total, 1/3 des fiches n’en signale aucune. Ce sont les plus anciens membres qui en signalent le moins : avec le recul du temps, ce sont les aspects positifs qui restent, on oublie les autres. Et sans doute aussi, les choses étaient elles plus simples au début des années 80, qu’au tournant du siècle et l’information, sans doute plus facile à faire.

Quand des difficultés ou des déceptions s’expriment, elles tiennent à l’attitudedes camarades du lycée. La déception s’exprime avec plus ou moins de force selon le tempérament de chacun mais les jugements positifs sont très rares. Au mieux, les témoignages mentionnent une certaine curiosité pour des actions ponctuelles ( vente d’objets, concerts, soirées… ), une capacité de mobilisation, pour le lavage de voitures par

exemple, « si on leur explique », pas d’animosité particulière à l’égard du club. Mais le reproche quasi général est l’absence d’implication, l’indifférence de la plupart. Il est très difficile de faire de l’information : « ils ne lisent ni les journaux, ni les tracts ». « Ils ne se posent pas de questions sur ces problèmes et ne comprennent pas l’engagement de leurs camarades qui y passent du temps ». Ils ne s’intéressent pas à des activités jugées « trop sérieuses ». Ils se souviennent d’échecs mal vécus, quand un intervenant se retrouvait devant une salle quasiment vide, quand une exposition, qui avait demandé beaucoup de travail, était visitée uniquement par des élèves amenés par leur professeur dans le cadre d’un cours. « C’était une cause si importante pour moi que je ne pouvais pas comprendre qu’on ne s’y investisse pas » dit l’une d’entre elles. Certains vont même jusqu’à se plaindre que leurs efforts suscitaient de la « dérision », formule utilisée plusieurs fois. Cette absence de reconnaissance de la part de leurs camarades a été difficile à vivre pour beaucoup et les animateurs se souviennent avoir du leur « remonter le moral » parfois.

Les difficultés rencontrées tiennent aussi au fonctionnement du club lui-même. Ils ne le conçoivent pas tous de la même manière et les remarques varient d’une période à l’autre et d’un élève à l’autre. Nous citerons pêle-mêle l’excès de travail par moment et le manque de « main d’œuvre ». « Cela retombe toujours sur les mêmes ». Une se plaint d’être allée très souvent seule dans des réunions à l’extérieur où elle représentait le club face à des ONG-partenaires. A d’autres moments, ce sont les passages à vide quand on travaille au ralenti, qui démotivent. Les différences d’âge des participants sont aussi mentionnées. Les plus jeunes ont parfois du mal à trouver leur place, face aux Terminales par exemple, et les Terminales aimeraient des partenaires un peu plus mûrs. Une certaine rigidité de fonctionnement est aussi dénoncée. Les réunions sont trop protocolaires avec un animateur-élève qui tourne, un compte-rendu, la nécessité de consulter tout le monde avant de prendre une initiative ( même s’ils reconnaissent que c’est un fonctionnement démocratique ), la présence d’un enseignant « indispensable mais un peu étouffante ». D’autres au contraire apprécient cette rigueur. Ils regrettent aussi les difficultés à « communiquer » sur les actions menées.