B) L’EDUCATION AU DEVELOPPEMENT A L’AUBE DU XXI° SIECLE : Un besoin de renouvellement

Malgré les difficultés de l’évaluation, les divergences de certains témoignages, il ressort que l’éducation au développement, telle qu’elle a été pratiquée jusque là, a marqué profondément une frange limitée d’élèves et d’enseignants et parfois orienté leur carrière et leur vie. Mais elle n’a pas répondu totalement aux besoins et aux attentes. Le problème, qui se pose alors, est de savoir dans quel sens se fait l’évolution, en ce début du XXI° siècle et si les raisons d’espérer l’emportent sur les difficultés. Aussi, à propos de l’éducation au développement à l’Ecole, la question « progrès ? repli ? tournant ? » a été posée systématiquement lors de rencontres avec différents interlocuteurs ( enseignants, élèves, associations…). Elle est présente dans tous les questionnaires d’enquête 269 . On a cherché la réponse aussi dans diverses publications.

Un avis sur son évolution ne peut être qu’approximatif et largement subjectif : les statistiques et les comptes-rendus manquent. Les inspections académiques ne peuvent que très rarement en fournir. On conserve naturellement plus facilement la mémoire des actions récentes, simplement parce qu’elles n’ont encore pas eu le temps de disparaître mais on ne peut pas affirmer, pour autant, qu’elles sont plus nombreuses. L’appréciation qu’on peut faire de l’éducation au développement varie aussi beaucoup selon le tempérament, les objectifs, les projets et le statut des interlocuteurs. Selon les exemples cités, on penche d’un côté ou d’un autre. Certains refusent d’ailleurs de répondre à cette question trop globale à leurs yeux.

Si une unanimité ne se dégage pas, on peut quand même faire quelques constatations : bien que, à la fin du siècle, l’existence de conditions plus favorables soit reconnue, on reste sur une impression de piétinement. Depuis le début des années 90 surtout, l’éducation au développement ne va pas très bien dans les écoles. Certains enseignants versent dans la « sinistrose » et parlent carrément de « repli »… « même s’il n’est pas encore très visible » dit l’un d’eux. Plusieurs vont jusqu’à se poser la question : « L’Afrique est-elle démodée ? ». La France n’apparaît pas non plus très avancée parmi les autres pays européens : un témoignage parle d’elle comme « d’une lanterne rouge ». D’autres, au contraire, sont plus optimistes mais ils émettent toujours quelques réserves. Ils constatent des difficultés croissantes et ont parfois le sentiment d’être inefficaces mais ils pensent plus à un passage à vide momentané qu’à une véritable crise et ils réfléchissent à de nouvelles orientations.

Notes
269.

Cf. ANNEXE 8  : Questionnaires d’enquête.