Des conditions qui devraient cependant faciliter l’éducation au développement

Elles ne sont pas nouvelles, il en a déjà été question dans d’autres parties de cette étude mais elles rendent de plus en plus nécessaire et devraient faciliter, en cette fin de siècle, la généralisation de l’éducation au développement.

Le climat politique est de plus en plus tourné vers les préoccupations internationales, avec la mise en place de l’Europe et les débats sur la mondialisation. L’Ecole ne peut faire abstraction des mouvements de contestation actuels contre l’ordre mondial. Vont-ils être éphémères ou constituent-ils un tournant ? L’éducation au développement et la présence de l’Afrique à l’Ecole peuvent en sortir modifiées. A cause des problèmes sociaux et des répercussions de la politique internationale, l’Ecole est actuellement confrontée à une cohabitation parfois de plus en plus difficile entre des cultures différentes et elle doit gérer des problèmes de violences. On attend d’elle que les jeunes apprennent à vivre ensemble dans la compréhension mutuelle.

Le partenariat entre l’Ecole et d’autres structures s’est accru, notamment avec les associations et les collectivités locales. Actuellement, on n’imagine pas une action de la société civile, qui n’essaie pas d’associer les écoles. Certains militants associatifs pensent même que l’éducation au développement en direction des écoles devrait devenir la priorité de tous ceux qui souhaitent voir évoluer le monde vers plus de justice et de compréhension

L’impulsion du Ministère de l’Education, forte depuis les années 80, s’est maintenue, du moins dans les intentions. Quelques extraits de B.O. récents le prouvent :

‘« L’élève prend conscience du caractère mondial de nombreux problèmes économiques et culturels ; il perçoit les grandes inégalités entre régions du globe et donc les solidarités nécessaires. » Nouveaux programmes de géographie pour l’école élémentaire ( 14/02/2002 ) ’ ‘« L’éducation au développement et à la solidarité internationale vise à faire comprendre les grands déséquilibres mondiaux et à permettre la réflexion sur les moyens d’y remédier…Elle vise à faire prendre conscience aux élèves de l’interdépendance des régions du monde dans le processus de mondialisation, en orientant en particulier leur curiosité vers la réalité économique, sociale et culturelle des pays en développement…De nombreuses associations assurent une mission d’information, d’aide et d’éducation en matière de développement…Le thème du développement durable a été choisi comme support d’actions pour 2001-2003… L’éducation au développement s‘appuie sur des actions éducatives concrètes susceptibles de s’inscrire dans le cadre du projet d’école et du projet d’établissement. B.O. n°21 ( 23 mai 2002 )

En 2004, trois thèmes sont officiellement mis à l’ordre du jour : le droit à l’éducation pour tous, la promotion du développement durable, le respect de la diversité culturelle. Les associations témoignent du désir apparemment intact de représentants du Ministère de travailler avec elles et de rencontres fructueuses, au cours de séminaires. Le Ministère encourage l’interdisciplinarité et favorise le travail en réseau, au moins au niveau européen et une certaine coordination des efforts entre pays commence à s’installer. Il a aussi crée récemment des structures de participation des élèves qui pourraient éventuellement servir de cadre à une éducation au développement et permettre la prise en compte de projets : conseil des délégués, conseil de la vie lycéenne, en 1990, les initiatives citoyennes en 1997, la campagne sur l’engagement des jeunes en 2002…Signalons aussi que, en 2004, les sujets du baccalauréat, en histoire et géographie, ont porté largement sur ces questions. Le commentaire de documents, en histoire, concernait les difficultés de la décolonisation, à travers l’exemple de l’Algérie. Un des croquis de géographie devait faire apparaître les inégalités du développement dans le monde et l’existence de « Nords » et de « Suds ». Depuis 2000, le Ministère relance aussi les actions dans l’Enseignement Supérieur, avec notamment la création d’un « Bureau de la vie étudiante » chargé de faciliter les engagements étudiants et en particulier le volontariat en faveur de la solidarité.

Mais une évolution s’est dessinée récemment, qui peut susciter quelques inquiétudes. Les moyens paraissent plus réduits : les subventions sont moindres, il semble que le Ministère laisse disparaître le partenariat éducatif Nord-Sud et l’offre de formation pour les enseignants se rétrécit. En outre, depuis la rentrée 2003 surtout, le Ministère propose de nouvelles orientations, qui privilégient l’éducation à l’environnement en vue d’un développement durable. Un séminaire qui a eu lieu à Paris en décembre 2003 a regroupé des enseignants, des chefs d’établissement, des Inspecteurs, des administrateurs qui ont réfléchi à la manière de l’impulser. Ils ont proposé un contingent horaire ( une trentaine d’heures ? ) pour chaque établissement. Il semble qu’il ait été peu question de l’éducation au développement et des relations Nord-Sud au cours des discussions. Pour des raisons pédagogiques, il a paru plus opportun de partir de l’environnement immédiat des élèves 271 . Même si on essaie de montrer que les choix que l’on fait en matière d’environnement, peuvent avoir des incidences ailleurs et que les problèmes d’environnement se posent au niveau planétaire, cette évolution laisse craindre que l’éducation au développement et les relations Nord-Sud ne soient plus une priorité.

Notes
271.

Témoignage d’un participant au séminaire.