Vers un réel partenariat

Des relations directes entre le milieu scolaire et l’Afrique restent une forme d’éducation au développement valable. Ce sont les relations de type caritatif qui sont en question. On s’oriente de plus en plus, actuellement, vers un réel partenariat où les deux parties peuvent se situer sur un pied d’égalité mais beaucoup de projets sont encore teintés d’assistanat.

L’ exigence de vrais partenariats n’est pas nouvelle dans l’Education Nationale mais elle s’impose de plus en plus comme une nécessité. Pour réussir, un partenariat doit, selon les associations, respecter quelques conditions incontournables. La durée d’abord, pour lui donner le maximum de chances d’aller jusqu’au bout de ses possibilités, des relations contractuelles qui supposent un accord sur ce que chacun attend des échanges avec l’autre. On signe de plus en plus souvent des conventions de partenariat, où chacun s’engage et on crée des comités de partenariat, qui sont des garants de l’application du contrat. Cette institutionnalisation heurte certains partenaires ici, qui voudraient que les rapports reposent davantage sur la confiance. Le contenu du partenariat entre des écoles françaises et des partenaires africains peut être variable mais généralement il allie des échanges interculturels et une action de coopération. L’expression réciproque de chacun des groupes, dans le but de se faire comprendre, est une occasion d’éducation à l’altérité. Il faut veiller aussi à ce que l’action de solidarité n’installe pas le partenaire du Sud dans une situation de bénéficiaire et ne nuise pas au développement de ses propres capacités. On serait alors en contradiction avec l’objectif d’autonomie. Une autre condition est donc la réciprocité avec des apports mutuels ( l’échange de compétences semble en être une forme particulièrement positive 282 ). Le réseau « Réciprocité des relations Nord-Sud » a publié, en 1999, un fascicule intitulé Savoirs du Sud , dont le but est de démontrer, avec des exemples précis, ce que nous devons aux pays du Sud et l’interdépendance qui nous unit.

Sans vouloir idéaliser l’enseignement agricole qui rencontre aussi des difficultés, il semble globalement avoir mieux réussi dans ce domaine que l’Education Nationale. Qu’a t-il eu de plus ? D’après les témoignages recueillis, les conditions matérielles semblent meilleures. L’impulsion ministérielle est plus forte : depuis 1984, l’éducation au développement est officiellement une des « missions » de l’enseignement agricole. Le Ministère de l’Agriculture a doté les établissements d’un « animateur culturel » qui a le temps et les moyens de dynamiser les initiatives. La formation a été plus poussée et a associé les enseignants et les élèves : des séminaires annuels ont facilité la réflexion. En outre, les partenaires ont un langage commun : il semble qu’il y ait, entre agriculteurs français et africains et entre centres de formation agricole en France et en Afrique, des convergences qui n’existent pas toujours dans d’autres milieux. Les conditions de travail et de vie sont différentes mais ils se retrouvent devant des situations et des obstacles qui se ressemblent, en particulier les relations à la terre, à l’eau, la dépendance à l’égard des marchés. En outre, les échanges de compétences technologiques sont un point d’ancrage du partenariat 283 .

Notes
282.

Cf. 3° partie B 4° « L’Afrique dans l’enseignement secondaire : des contenus divers ».

283.

Cf. ANNEXE 7 : « La coopération Nord-Sud dans l’enseignement agricole ».