Les étapes

Comme nous l’avons vu pour l’Education Nationale, dans les années 70, il s’agit surtout d’initiatives prises au niveau des établissements par des enseignants ou des administrateurs motivés. « L’éducation au développement » apparaît surtout au début des années 80.

En 1981, une circulaire de la DGER 294 crée à Montpellier le CNEARC 295 qui s’occupe de recherche et de formation et s’oriente vers l’éducation au développement. La note du 8 avril 1983, émanant aussi de la DGER indique que « la sensibilisation des élèves aux réalités du Tiers Monde est un élément essentiel de leur formation de futurs agriculteurs et futurs citoyens. » Elle annonce une réflexion sur la manière d’intégrer cette dimension dans les établissements d’enseignement agricole. La même année, une convention est signée avec le CRID 296 , pour une recherche expérimentale sur l’éducation au développement, portant sur 3 ans. Elle incluait la perspective d’une rénovation des programmes, la formation de formateurs et la création de documents pédagogiques.

Mais c’est la loi d’orientation de 1984 qui lance vraiment l’éducation au développement. Elle donne officiellement «  mission aux établissement d’enseignement agricole ( publics et privés sous contrat ) de participer à la coopération internationale ». Cette mission dépasse largement les limites du Tiers Monde mais les textes ministériels affirmeront, à plusieurs reprises par la suite, que les actions en direction du Sud restent « un volet majeur » de la coopération. Le CRID crée cette année là un groupe « Formation agricole et Tiers Monde » dont l’objet est de promouvoir l’éducation au développement en l’intégrant dans le nouveau BTA 297 . Les premiers réseaux se forment.

A partir de 1989, l’impulsion du Ministère se renforce. Une circulaire fait de la mission de coopération internationale « une priorité » et un outil indispensable pour la formation des jeunes. Il encourage les contacts directs avec les pays en développement parce qu’ils sont très efficaces pour mobiliser les jeunes et il commence à subventionner des voyages. Par la suite, l’importance de l’éducation au développement sera rappelée régulièrement dans des circulaires, qui paraissent généralement en septembre ou en octobre selon les années et organisent l’année en cours. En juillet 1999, une loi d’orientation redéfinit la politique du Ministère et réaffirme les 4 missions de l’enseignement agricole : formation, animation rurale, coopération internationale, recherche et expérimentation. C’est en 1999 aussi que le projet « PROSPEA » est lancé. Il a pour objectifs de contribuer à l’éducation citoyenne et à la formation professionnelle des élèves, en leur faisant prendre conscience des grands enjeux mondiaux, notamment en matière de sécurité alimentaire et de développement durable, en favorisant les échanges et la mobilité de tous les acteurs de l’enseignement agricole, ainsi que l’accueil d’étrangers venus se former en France et en faisant participer l’enseignement agricole au développement de l’expertise française à l’étranger. En juin 2001, une nouvelle circulaire, très longue ( 11pages ) reprend toute la philosophie de la coopération internationale dans l’enseignement agricole et introduit aussi quelques nouveautés, dans un système qui paraissait bien rodé : elle assure en particulier une plus grande intervention de la DGER dans les actions des établissements. Elle définit l’orientation des actions en lien avec le Ministère des affaires étrangères et se montre plus exigeante sur la qualité des actions et l’évaluation des projets. Elle annonce une réorganisation permettant de mieux coordonner les actions des établissements et la politique officielle. Le but est, semble-t-il, d’éviter les initiatives intempestives et de donner une certaine unité aux interventions, en édictant des règles éthiques communes. Elle insiste aussi sur la nécessité de réfléchir à l’articulation entre les finalités éducatives ici et l’intérêt des partenaires étrangers : il faut tenir compte de l’évolution de l’agriculture ici et y préparer les élèves mais il faut aussi répondre aux attentes là-bas. La formation des enseignants et le travail en réseaux deviennent, dans ces conditions, de plus en plus indispensables.

Notes
294.

DGER : Direction générale de l’enseignement et de la recherche.

295.

CNEARC : Centre d’études agricoles des régions chaudes.

296.

CRID : Centre de recherche et d’information sur le développement.

297.

BTA : Brevet de technicien agricole