Des participants pas toujours très nombreux mais très motivés

En ce qui concerne la place des pays du Sud et plus particulièrement l’Afrique dans les préoccupations de l’enseignement agricole, un points positif peut être relevé. Les participants, élèves et adultes, qui ne sont pas toujours très nombreux, sont par contre très motivés. Au départ, l’initiative est prise le plus souvent par un ou deux enseignants de l’établissement, qui ont envie de faire quelque chose, qui ont déjà par ailleurs des contacts personnels avec des partenaires ici ou en Afrique ou ont été mis au courant d’une demande d’un pays en développement. Plus rarement, ce sont les élèves qui font pression sur les professeurs pour mettre en route un projet. Le nombre des acteurs peut s’étoffer par la suite. Un compte-rendu d’activité parle de cinq cercles selon le niveau d’implication :

Le ou les initiateurs, qui restent souvent les pilotes du projet.

 Un petit noyau d’adultes et d’élèves qui viennent les rejoindre : ils sont une minorité.

Ceux qui peuvent être mobilisés sur une action ponctuelle.

Ceux qui ne participent jamais : ils sont nombreux et plus ou moins indifférents aux problèmes.

Ceux qui sont hostiles : ils sont très rares.

Pour faciliter la tâche des animateurs, l’administration du lycée accepte généralement d’assurer « la logistique », elle semble s’impliquer davantage que dans l’éducation nationale. Le secrétariat de l’établissement  gère les aspects matériels sur son temps de service. Lors d’une information sur le commerce équitable, l’intendance s’occupe de faire servir des repas avec les produits de ce commerce. Elle assure aussi l’hébergement des partenaires étrangers.

Mais il est rarement possible d’entraîner tout un établissement. Une frange plus ou moins importante d’élèves, d’enseignants et de parents ne voient pas l’intérêt d’une ouverture sur le monde, soit par indifférence à ces problèmes, soit parce qu’ils considèrent que c’est du temps perdu aux dépens de la réussite aux examens. Une des revendications actuelles est donc de prendre en compte dans les examens, les travaux faits dans le cadre de la coopération internationale, pour éviter qu’ils ne soient une simple parenthèse dans l’année scolaire. D’après quelques témoignages, cette attitude réservée est plus marquée dans certaines disciplines ( les disciplines scientifiques en particulier ), plus éloignées de ces préoccupations. En outre à cause de la complexité de l’éducation au développement et du montage et du suivi d’un projet, le rôle principal revient aux adultes. L’organisation de la coopération internationale est souvent hors de la portée des jeunes.

Cela soulève le problème de la surcharge de travail des enseignants, comme dans l’Education Nationale. « L’Afrique, c’est tuant. Si on veut faire avancer les choses, c’est sans arrêt » dit l’un d’entre eux. Il est trop demandé sur le temps personnel et une certaine lassitude du bénévolat s’est installée. Le BCI a tiré la sonnette d’alarme depuis plusieurs années et tenté de faire comprendre que les activités internationales ne pourront pas continuer à fonctionner, de cette manière, indéfiniment. Les jeunes générations d’enseignants semblent intéressées par la coopération internationale mais pas disposées à faire les mêmes sacrifices que les anciens. Les opérations, menées depuis longtemps, continuent sur leur lancée, malgré des difficultés à trouver la relève mais il semble y avoir de moins en moins d’établissements qui se lancent. Une des revendications de l’enseignement agricole est actuellement d’obtenir des décharges plus nombreuses, en vain jusqu‘à maintenant.