L’Afrique Noire dans le cinéma commercial

Les films présentent généralement l’Afrique Noire, selon les clichés habituels, comme une terre d’aventures, d’exotisme, d’animaux sauvages et sont totalement déconnectés de la réalité socio-économique et politique. Ils pourraient se passer à n'importe quelle époque. Ils cherchent à distraire, éventuellement à faire rêver, mais certainement pas à informer. Ils véhiculent donc des stéréotypes : l’Africain apparaît au mieux comme un être peu intelligent, aux coutumes étranges et au pire comme quelqu’un de dangereux, peu respectueux de la vie humaine, face à des blancs évolués qui ont le droit et la morale pour eux.

Une quinzaine de films de Tarzan vont ainsi circuler en Savoie sur dix ans, dans les années 50. Ils développent le thème du primitif blanc, redresseur de torts. Ce sont les types mêmes de films qu’allaient voir les jeunes à cette époque. D’autres films ont aussi des titres très évocateurs, La révolte de la jungle en 1955, Safari, Odongo en 1958, Les aventuriers du Kilimandjaro en 1959, sur les animaux et la chasse aux fauves, Violence sous les tropiques en 1959, avec ce commentaire d’un journal catholique : « les jeux dangereux de l’amour et la chasse aux fauves …le jardin zoologique est la partie la plus valable du film » !, Prisonniers de la brousse, Sur la piste du rhinocéros blanc …Dans Sambo et les hommes léopards, en 1966, une expédition scientifique en Afrique Equatoriale est faite prisonnière et doit être sacrifiée à la déesse Kaluba, vénérée par les hommes-léopards. Sambo, un jeune chef, délivre les prisonniers. Ce film est très typique des représentations que véhiculaient les films …encore six ans après l’indépendance !

La plupart de ces films n’ont laissé aucune trace dans les annales du cinéma à cause de leur médiocrité mais ce n’est pas le cas de tous : les circuits commerciaux ont programmé aussi quelques films d’aventures africaines, de bonne qualité, oeuvres de grands metteurs en scène. Outre les beaux paysages, les belles aventures, les animaux, ils ont souvent quelque chose de plus : un aperçu sur quelques problèmes, une vision de

l’Afrique plus proche des réalités, un certain respect de la personne humaine. C’est, en 1959, Les racines du ciel  de John Huston, tiré du roman de Romain Gary, qui se déroule au Tchad sur fond de commerce de l’ivoire. C’est Hatari de H.Hawks, en 1963.