Une autre vision de l’Afrique à travers quelques films français ou étrangers ?

Les films français ou étrangers qui essaient de donner une autre vision de l’Afrique et de poser les problèmes auxquels elle est confrontée, sont paradoxalement moins nombreux sur les écrans savoyards. Les films missionnaires disparaissent, le cinéma « engagé » est moins bien représenté. La décolonisation est terminée et elle s’est faite, en Afrique Noire, dans des conditions acceptables. Les films susceptibles de faire évoluer les évènements n’ont plus lieu d’être. Par contre, c’est aussi l’époque où les témoignages sur la guerre d’Algérie, après des années de silence, commencent à apparaître, remettent en cause la politique de la France et occultent le reste de l’Afrique ( « L’insoumis », « Avoir 20 ans dans les Aurès », « R.A.S. » ). La dernière explication est l’engouement des cinéphiles pour des cinémas venus d’autres continents. Le cinéma, qui a été longtemps limité surtout, à la France, à l’Italie, aux USA et au Japon, s’élargit à l’Europe de l’Est et au Tiers Monde. Les pays d’Amérique Latine, plus avancés dans les luttes politiques, possèdent des metteurs en scène de talent qui ont envie de dire quelque chose. Ce cinéma est particulièrement productif et original entre 1968 et 1980 et fournit des témoignages forts sur les réalités politiques, sociales et économiques. Le cinéma africain commence seulement à faire son apparition.

Les circuits officiels et surtout les ciné-clubs projettent, cependant, quelques films qui posent un regard sympathique sur le continent africain et évoquent ses problèmes. Batouk essaie de reconstituer l’histoire du continent africain ( 1968 ). L’état sauvage, film un peu déroutant de F.Girod, qui présente les nouvelles sociétés africaines, est programmé en 1978, Coup de torchon de B.Tavernier en 1980 : il décrit d’une manière très critique la société coloniale des années 30. En 1982, L’Africain, une comédie de P. de Broca, pose le problème du trafic de l’ivoire et des implantations touristiques. Parmi les plus récents, en 1995, Le Maitre des éléphants de P.Grandperret essaie de montrer un père et un fils, français, qui apprennent à se connaître, sur fond de cultures africaines. L’enfant noir, de L.Chevallier est tiré du roman autobiographique de Camara Laye : il montre les années d’apprentissage d’un jeune guinéen, transposées dans les années 90 et il est interprété par la propre famille de Camara Laye ( 1995 ). R.Depardon, dans un parcours à travers quinze pays africains, filme les paysages, livre des impressions très personnelles sur l’Afrique des traditions mais aussi l’Afrique des crises ( massacres et guerres civiles, famine, sida…) exprime son inquiétude et son impuissance devant les drames qu’elle connaît : c’est Afriques, comment ça va avec la douleur ( 1996 ).