La problématique

La problématique s'appuie alors sur ces constats : l'urbanisation alimentée par l'exode rural est un des facteurs d'accroissement des déplacements centre-périphérie et réciproquement; l'élévation du niveau de revenu des habitants soutenue par la croissance économique permet à ces derniers d'accéder à un mode de transport individuel, notamment le deux-roues à moteur; les politiques de développement depuis le Doi Moi jouent en faveur de l'usage des modes individuels et au détriment des transports en commun.

La question posée alors est de savoir d'une part la dynamique des transports urbains à travers les deux grandes villes vietnamiennes par rapport aux autres villes asiatiques de la région, notamment la perspective du passage des deux-roues à moteur vers la voiture dans les années à venir. D'autre part, il s'agit de définir les actions des pouvoirs publics face à la montée des nuisances de transports, notamment la prise en compte des préconisations de l'expertise étrangère sur les mesures politiques de promotion du transport public et de restriction des modes individuels motorisés.

A l'heure actuelle, Hô Chi Minh Ville par exemple se trouve dans une situation comparable à celle de Bangkok il y a dix ans, mais la ville reproduira-t-elle le modèle de Bangkok avec une aggravation de la situation quand les utilisateurs des deux roues à moteur choisissent la voiture comme mode de déplacement dans les années à venir. Par ailleurs, le modèle de Singapour ou de Hongkong est-il une alternative crédible dans le contexte économique et culturel vietnamien?

L’objectif général de la recherche est de montrer comment les autorités vietnamiennes à travers les deux métropoles ont réagi face à des problèmes similaires de transport urbain qu’avaient rencontrés d’autres pays d’Asie du Sud-Est compte tenu du contexte historique du pays et de la région. Dans cette optique, la recherche a pour but de voir dans quelle mesure les contradictions dans les politiques de transport urbain seront résolues. La recherche essaiera aussi de montrer dans quelle mesure et à quelles conditions l'expertise étrangère peut contribuer à l'émergence à moyen et long terme d'un "modèle" vietnamien de transport urbain à travers les transferts de savoir-faire, d'expérience, d'échanges entre le Viêt-nam et d'autres pays.

La recherche de Barter (1999) a identifié les chemins (paths) de développement en matière de transport urbain et d'usage des sols d'un bon nombre de villes asiatiques, les a mis dans une perspective comparative afin de comprendre les implications pour ces villes et d'autres. Une de ses hypothèses est que certains défis de transport auxquels sont déjà confrontées des villes asiatiques à moyen et haut revenu pourraient émerger à l'avenir dans des villes ayant actuellement un taux de motorisation faible. L'approche de Barter est intéressante car la mise en parallèle des villes asiatiques permettrait de trouver une politique de transport adaptée à chaque ville qui soutient la croissance urbaine à un coût raisonnable mais qui minimise l'impact sur l'environnement.

Cependant, les recherches comparatives menées sur les systèmes de transport et les systèmes urbains dans les pays d’Asie du Sud-Est prennent peu en compte le Viêt-nam. Par ailleurs, la Chine urbaine fait l’objet de nombreuses recherches avec la transition vers l’économie de marché. Pourtant, les modèles de transport urbain dans un bon nombre de villes asiatiques esquissés par Barter n'incluent pas les villes vietnamiennes et chinoises.

Cette thèse vise en partie à combler ces lacunes alors que les systèmes de transport et la mobilité quotidienne dans les villes socialistes asiatiques en transition vers le marché évoluent rapidement depuis la fin des années 90.